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Intervention de Jean Lassalle

Réunion du 5 octobre 2010 à 15h00
Immigration intégration et nationalité — Article 17 ter

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean Lassalle :

Monsieur le président, je vous remercie d'être souvent bienveillant à mon égard. Le temps de parole imparti pèse sur moi comme une épée de Damoclès, mais vous faites en sorte que je puisse toujours m'exprimer. (Sourires.)

Le projet que nous examinons a un aspect positif : il transpose trois directives européennes. Je suis de ceux qui ont souffert que le droit européen soit transposé par ordonnances, sans débat au Parlement. C'est donc une bonne chose.

Ensuite, si l'on me permet de digresser quelque peu, je laisserai parler mon idéalisme maladroit. Président de l'association des montagnes du monde, j'ai accueilli pendant huit jours les représentants de 39 pays, venant des cinq continents. Au passage, je remercie l'État, qui a payé un tiers des dépenses. J'ai vu au cours de ce congrès, et je le constate aussi lors des mes déplacements, que la France continue a être très aimée dans le monde. C'est une petite lumière qui donne confiance.

Cela me conduit à réfléchir au comportement des pays occidentaux. Car la France est loin d'être seule à pratiquer une sorte d'ultra-protectionnisme, certainement dicté par la réalité, mais qui, selon moi, sera contre-productif pour atteindre ce que nous recherchons, l'harmonie et la stabilité de nos pays et la paix dans le monde. Je suis intimement convaincu que c'est tout le contraire qu'il faudrait faire, et que les énormes moyens dont nous pourrions disposer, si nous le décidions, nous permettraient de relever le défi.

Je suis de ceux qui pensent qu'il faut aider les populations nées en Afrique, dans l'Himalaya, en Amérique du sud ou ailleurs à rester chez elles. Pour cela, il faut leur rendre la vie plus facile et leur permettre de se développer dans la dignité.

C'est facile à dire, me répondra-t-on. Certes. Mais très sincèrement, c'est ce qu'il faut faire. Ce n'est pas vous, monsieur le ministre, ou vos homologues qui conduisent une politique semblable qui êtes en cause. Il y va d'une vision générale de l'avenir du monde. Notre planète n'a jamais été aussi peuplée et elle le sera de plus en plus. Les populations n'ont jamais été aussi concentrées. Selon une étude de l'OCDE, d'ici trente ans, il y aura une trentaine de villes de cinquante millions d'habitants.

Si nous voulons trouver une solution durable, compte tenu de l'image qui est encore celle de la France, nous devrions prendre l'initiative d'une politique d'intégration mondiale.

Aujourd'hui, la mondialisation fait peur. Les institutions comme le FMI, la Banque mondiale, l'OMC ne sont pas politiques mais purement techniques, et même technocratiques, et elles ne régulent rien. L'humain est totalement perdu de vue. Or il n'y a rien de plus cher pour un homme, sauf s'il est aventurier ou aime voyager, que de vivre là où il est né. Lorsqu'il ferme les yeux pour la dernière fois, c'est le souvenir qu'il emporte.

Il ne faut donc pas poursuivre dans cette voie où nous ferons des faux pas. Il faut suivre un chemin inverse. Ce sera difficile, mais les pays occidentaux ont encore les moyens et peut-être le temps de prendre l'initiative d'une tout autre démarche, exempte de tout esprit de colonisation, de toute incitation au fanatisme, mais qui cherche à faire donner à chaque homme ce qu'il a de meilleur, quel que soit le lieu où il habite.

Cet article qui traite de la santé me paraît dangereux. Où cela peut-il nous entraîner ? Si quelqu'un, quelle que soit son origine, sa race, sa couleur, ne peut pas se faire soigner là où il se trouve, nous aurons un jour beaucoup de problèmes.

Enfin, un terme est vraiment mal accepté dans les pays où je me déplace, celui d'immigration choisie, en particulier chez les jeunes. Nous allons laisser venir à nous ceux qui ont eu la chance de pouvoir étudier, les mieux nantis de ces sociétés, et refouler les autres. Peut-être mon propos est-il idéaliste, voire surréaliste, mais ces problèmes me préoccupent beaucoup. Il est grand temps de changer d'orientation. La France des Lumières, celle de l'humanisme, peut le faire. C'est peut-être une façon de soustraire nos enfants, auxquels nous pensons si souvent, à une troisième guerre mondiale.

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