Il est vrai que nous avons encore une vraie marge de progression, en particulier en ce qui concerne la recherche et l'évaluation. J'ai néanmoins quelques divergences avec vous sur le thème des moyens et sur celui des enseignants.
Autant je suis d'accord lorsque vous dites que l'enseignant a besoin des bonnes méthodes pour aider l'élève en difficulté, autant je me refuse à vous suivre sur le nombre d'élèves en classe. Il est tout de même plus facile de consacrer du temps aux élèves en difficulté lorsque les classes ne sont pas surchargées…
Vous constatez que les dépenses d'éducation en France sont supérieures à la moyenne des pays de l'OCDE – 5,9 % du PIB contre 5,7 % – mais que celles consacrées au primaire sont inférieures à ce que l'on observe dans la plupart des autres pays. La conclusion s'impose. Parler de « rééquilibrage » me semble donc insuffisant. Vous préconisez de clarifier l'organisation des cycles entre l'école maternelle et l'école élémentaire ; mais faute de moyens, les politiques actuelles conduisent plutôt à remettre en cause l'école primaire. Vous proposez de « réduire drastiquement le nombre de redoublements » : je suis pleinement d'accord avec vous, mais savez-vous que ceux-ci sont parfois utilisés par les écoles pour éviter les fermetures de classes imposées par le Gouvernement ? Vous parlez de « prendre en charge réellement les élèves en difficulté » : le Gouvernement remet en cause les RASED par mesure d'économie. Vous vous prononcez pour le retour à la semaine de 5 jours : le passage à la semaine de 4 jours a permis de réduire encore les effectifs des enseignants.
En ce qui concerne les enseignants, je regrette l'emploi de termes comme « management », « reporting », « performance » : on ne peut parler de rentabilité pour l'éducation, ni transposer – comme vous le suggérez de manière voilée – les méthodes de ressources humaines du privé aux enseignants. Je pense pour ma part que loin d'être individualistes, ils ont une réelle conscience de l'intérêt général et qu'il importe de la préserver. Ils ont avant tout besoin de reconnaissance ! Vous proposez enfin d'améliorer la politique salariale en début de carrière, moyennant une moindre progression par la suite et l'instauration de primes au résultat. Ne pensez-vous pas que pour vaincre l'échec scolaire et réduire les inégalités sociales, l'école primaire a plus besoin de « public » que de « privé » ?