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Intervention de Laurent Bigorgne

Réunion du 29 septembre 2010 à 10h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Laurent Bigorgne, directeur général adjoint de l'Institut Montaigne :

Je le redis au risque d'être provocant : nous n'allons pas faire mine de découvrir ce matin que l'enseignement primaire est depuis plusieurs décennies le grand sacrifié des politiques publiques de l'éducation. Il n'est jamais la préoccupation réelle des recteurs, et on se contente assez bien que les arbitrages – notamment budgétaires – aient été rendus des années durant au profit du secondaire. Certes, nous sommes dans la moyenne de l'OCDE pour les dépenses d'éducation, mais nous avons sans doute le lycée le plus cher et le premier degré le plus cheap, et ce depuis longtemps.

Au-delà de cette maltraitance de l'école, il y a des priorités qu'on ne parvient pas à fixer. Nous ne parlons pas d'un problème qui touche 10 % des élèves : les mauvaises performances en lecture, en écriture et en calcul en fin de CM2 sont le fait de presque un sur deux ! Il faut donc se donner des priorités, car on ne pourra pas tout faire avec un corps social qui a déjà connu beaucoup de réformes, qui est en plein questionnement et qui a peu d'outils. Un grand plan contre l'illettrisme a été annoncé : avec un correspondant académique par académie et malgré tout le travail conduit par les associations, nous en avons pour plusieurs siècles ! La représentation nationale doit donc se fixer des priorités politiques et budgétaires.

Lorsque Michel Zorman a mis en place le programme « Parler », il a également développé « Parler Bambin », destiné aux 18-36 mois : pour remonter à la source des problèmes qu'il constatait en grande section, il s'est intéressé à ce qui se passe dans les crèches – soit dit en passant, il est aussi souvent plus simple de travailler avec les mairies qu'avec l'éducation nationale…

Nous avons réussi cette année à convaincre l'administration centrale de faire à Lyon une partie de ce qui s'était fait à Grenoble, mais cette fois-ci dans une centaine de classes, ce qui devient significatif. Il est vrai – ce n'est pas si fréquent – que nous avons avec Jean-Michel Blanquer, ancien recteur de l'académie de Créteil, un très bon directeur général des enseignements scolaires, qui a accepté que l'on s'engage dans des processus d'expérimentation avec les collectivités locales. Nous proposons de lier des expérimentations ciblées sur le premier degré et sur la petite enfance.

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