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Intervention de Marie-Hélène Amiable

Réunion du 29 septembre 2010 à 10h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-Hélène Amiable :

Ce rapport, Monsieur le directeur général, ne manque pas d'intérêt même si nous n'en partageons pas certaines propositions.

Depuis la constitution de notre commission, le 1er juillet 2009, c'est la première fois que nous consacrons l'intégralité d'une réunion plénière à l'audition d'un organisme privé qui, a priori, défend des intérêts privés, l'Institut Montaigne étant notamment financé par 80 entreprises à l'exclusion de toute subvention publique. Sont-ce donc là les prémisses d'une série d'auditions de personnalités, d'associations, de représentants des personnels de l'Éducation nationale et des chercheurs qui travaillent depuis des années sur la question de l'échec scolaire ? Si oui, je propose d'entendre un représentant de la Fédération nationale des associations des rééducateurs de l'Éducation nationale (FNAREN). Comme j'ai eu moi-même l'occasion de le constater, l'expertise de la FNAREN quant au traitement des difficultés scolaires est remarquable, de même que les propositions concrètes qu'elle a formulées pour lutter contre l'échec scolaire, mettant notamment en évidence la prégnance de facteurs sociétaux, environnementaux, institutionnels, personnels et familiaux. Je vous propose, également, d'auditionner M. Jean-Pierre Terrail, sociologue spécialiste de la question des inégalités scolaires, ainsi que Mme Danièle Trancart, MM. Choukri Ben Ayed et Sylvain Broccolichi qui dans École, les pièges de la concurrence, ont mis en évidence les dangers de la mise en concurrence des établissements scolaires.

Par ailleurs, s'il convient de repenser le fonctionnement de l'école afin que le nombre d'élèves sortant de l'école primaire avec de graves lacunes diminue sensiblement, il faudrait également concentrer nos efforts sur les élèves des ZEP qui connaissent de grandes difficultés. La Cour des comptes, au mois de mai dernier, avait elle-même considéré que faire face à l'écart qui se creuse avec les meilleurs élèves suppose l'engagement de moyens exceptionnels en faveur des établissements les plus défavorisés. En l'occurrence, le nombre d'enfants par classe n'est pas seul en cause : l'adaptation de nos dispositifs pédagogiques est urgente, de même qu'un travail soutenu sur la question de la formation des enseignants dans la France du XXIe siècle. Il semble, malheureusement, que nous ne nous engagions pas dans une telle direction : diminution de l'offre de formation continue, caractère catastrophique des conditions de la masterisation en formation initiale avec une baisse de la formation pédagogique des enseignants qui ne fera qu'accroître les difficultés dans la lutte contre l'échec scolaire, démantèlement de l'Institut national de recherche pédagogique, attaques répétées contre le mouvement pédagogique, réduction drastique des financements de la recherche et j'en passe.

Par ailleurs, j'ai été surprise par certaines propositions de l'Institut Montaigne relatives à la rémunération des enseignants, notamment, par celle visant à augmenter les salaires en début de carrière puis à ralentir ensuite l'évolution salariale alors que l'on ne peut sérieusement affirmer que nos professeurs soient grassement payés. Nous ne partageons pas non plus vos propositions visant à créer un statut de directeur d'école assorti d'un recrutement professionnalisé, à mettre en place des établissements publics d'enseignement primaire (EPEP) dans les ZEP notamment, enfin à transformer les écoles primaires en entreprises autonomes – ce qui ne manquera pas de contribuer à la mise en place d'une concurrence entre les établissements scolaires au lieu de faire reculer les inégalités.

De plus, confirmez-vous la proposition visant à diminuer le temps dédié à l'apprentissage du socle commun de connaissances, donc à l'enseignement reçu par l'ensemble des élèves ? Si tel est le cas, nous ne pouvons évidemment nous rallier à pareille perspective.

Enfin, je souligne les deux questions sur lesquelles vous avez insisté et qui nous semblent également déterminantes : l'indigence de la recherche publique sur le problème de l'échec scolaire et l'enjeu que constitue la formation initiale et continue des enseignants.

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