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Intervention de Yves Durand

Réunion du 29 septembre 2010 à 10h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Durand :

Je me félicite également de ce rapport qui met en évidence combien l'école primaire constitue un élément fondamental du cursus scolaire jusqu'à… l'université. En effet, contrairement à ce que les gouvernements successifs ont laissé penser à travers les réformes du collège, du lycée et de l'enseignement supérieur, les problèmes ne commencent pas à partir de la classe de sixième : comme l'attestent les travaux que vous avez réalisés – à l'instar, d'ailleurs, de ceux de la Cour des comptes ou d'autres institutions – il convient d'agir dès le début du cursus scolaire, voire avant qu'il ne commence, afin d'éviter que les inégalités ne s'accroissent. À ce propos, d'ailleurs, l'école de la République est infidèle à sa mission constitutive puisqu'elle accentue ces dernières au lieu de les résorber. Je note, de surcroît, que les pays qui remportent des succès en la matière accordent beaucoup d'importance à la petite enfance alors que l'avenir de l'école maternelle – même si ce secteur ne saurait s'y réduire – me semble chez nous menacé en étant considéré trop souvent comme la variable d'ajustement de Bercy.

En outre, si les réformes ont porté jusqu'à présent sur les structures de l'enseignement, votre rapport a le mérite d'attirer l'attention sur la pérennité de la culture enseignante : c'est donc sur elle que doivent porter nos efforts.

J'ajoute, cette fois à destination de M. Grosperrin, que les syndicats ont réalisé des études passionnantes et ont formulé des propositions qui vont d'ailleurs dans le sens de celles que préconise le rapport – je songe, en particulier, à la continuité de la scolarité depuis l'école élémentaire jusqu'à la classe de troisième – ou de ce qui a cours en Finlande, pays qui reste une référence sur ce plan.

Au fond, la question fondamentale que soulève votre rapport est celle de l'essence de l'enseignement. Quelle est-elle, aujourd'hui, dans une France multiculturelle qui a profondément changé depuis Jules Ferry tant en ce qui concerne les mentalités que les personnes ? Quid d'une massification qui n'a pas pour autant été synonyme d'intégration et de démocratisation ? Quelle mission donner à cette école ? En quoi consiste le métier d'enseignant ? C'est incroyable, mais il semble bien que ce soit la seule profession qui ne fasse plus l'objet d'un apprentissage !

Par ailleurs, les pays qui réussissent, vous l'avez rappelé, ont promu une recherche pédagogique puissante quand nous avons quant à nous supprimé tous ses fondements. Comme vous l'avez également souligné, nos chercheurs sont isolés et ne cultivent aucun lien avec les classes.

Enfin, vous avez raison de faire le procès non des IUFM – les supprimer serait une erreur – mais de ce qu'ils sont devenus : comme vous, nous sommes persuadés que leur réforme est indispensable.

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