Je vous remercie d'avoir pris l'initiative de cette audition qui témoigne de l'importance que vous accordez à cette grave question de l'échec scolaire dans l'enseignement primaire. L'Institut Montaigne qui, vous le savez, cherche à contribuer à faire évoluer la conscience sociale, se réjouit particulièrement de cet échange.
Notre Institut travaille sur les questions éducatives depuis une dizaine d'années, tant en ce qui concerne l'enseignement supérieur que secondaire ou primaire. Si nos concitoyens considèrent comme indispensable une réforme de l'université, du lycée et du collège, ils sont de plus en plus nombreux à penser qu'elle s'impose également dans l'enseignement primaire, lequel n'est plus « l'un des meilleurs du monde » comme en attestent les chiffres de l'Education nationale ou les résultats issus des tests réalisés dans le cadre du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) : en effet, non seulement la situation n'est pas bonne mais elle se dégrade considérablement. En tant qu'enseignant, je suis désespéré à l'idée que chaque année 150 000 enfants sur 800 000 – soit 1,5 million en dix ans et 3 millions en vingt ans – présentent de graves lacunes en matière d'écriture, de lecture et de calcul. Pour le dire d'une manière plus abrupte : ceux-là sont quasiment illettrés. Or, non seulement les réformes s'empilent les unes sur les autres depuis des années sans résultats probants mais les moyens colossaux qui y ont été affectés n'ont pas eu les effets escomptés.
Afin de remédier à une telle situation, l'Institut Montaigne considère que les enfants doivent être au coeur de notre réflexion : l'école est d'abord faite pour eux, pas pour les adultes ou pour favoriser l'organisation socialement confortable des vacances. Nous avons également des propositions à formuler en matière de gouvernance ou de rythmes scolaires sur lesquelles je ne doute pas que nous reviendrons.