Je comprends le scepticisme de François Loncle et c'est bien pour cela qu'il faut être vigilant. Quand j'ai dit que j'avais trouvé que la négociation sur le SEAE avait été trop longue, cela signifiait que j'aurais préféré que l'on passe un peu de temps à s'interroger sur la politique que l'on veut avoir à l'égard de la Russie, de la Chine, de l'Inde ou des États-Unis, plutôt que l'on consacre huit mois à se demander qui nomme qui, en fonction de quel pourcentage en provenance de quelle bureaucratie. S'il est bon de construire un service diplomatique, encore faut-il qu'il y ait une politique étrangère… Or, c'est le travail du Conseil européen et c'est le mandat que donnent les chefs d'État à la Haute Représentante. Je rappelle qu'aux termes du traité de Lisbonne, c'est M. Van Rompuy, président du Conseil européen, qui représente l'Union à l'extérieur, qu'il a à côté de lui un ministre des affaires étrangères – la Haute représentante – et qu'ils sont tous deux mandatés par le Conseil. À chaque fois que le Conseil se met d'accord sur un sujet de politique étrangère, on a une avancée. C'est donc moins le système qui est en cause que l'absence de consensus. Mais quand il y a un consensus, comme sur la création d'un État palestinien, nous devons être concrètement au rendez-vous et ne pas nous contenter d'être le banquier.
S'agissant de nos amis suisses, je crois que l'Europe mais aussi la France ont beaucoup de travail à faire. Nous devons en particulier prendre conscience de nos problèmes de compétitivité, qui varient d'ailleurs d'un département à l'autre, savoir à chaque fois ce que nous voulons, mieux nous organiser. Au niveau européen, je crois comme vous qu'il faudrait un véritable dialogue. Enfin, quant à savoir si ce pays souhaite adhérer, c'est son affaire, mais j'en serais comme vous assez surpris.