Comprenez que je tienne à dire ici, simplement mais solennellement, devant la représentation nationale, à quel point la population grenobloise a été choquée et blessée de voir le nom de Grenoble, ville multiculturelle, ville ouverte sur le monde, associée à ce discours jugé stigmatisant, comme l'avait été celui de Dakar concernant l'homme africain qui ne serait « pas assez entré dans l'histoire ».
Laissez-moi rappeler que Grenoble s'est illustrée, dans son histoire, en faveur des droits de l'homme, de l'émancipation des citoyens en organisant, en 1788, les états généraux du Dauphiné à Vizille, annonçant la Grande Révolution française.
Grenoble, ville faite compagnon de la Libération par le général de Gaulle en 1944, en reconnaissance de son combat contre la barbarie nazie ; Grenoble, « capitale des maquis », selon l'expression de la BBC, ces maquis où l'on ne demandait pas leur carte d'identité nationale aux résistants ; Grenoble, ville qui a connu comme député la grande figure de Pierre Mendès France dont les plaidoyers pour la République moderne s'adressaient en particulier aux jeunes, à tous les jeunes sans distinction, « avenir de notre pays », selon ses propres termes ; Grenoble, ville dont mon prédécesseur, Hubert Dubedout, maire pendant dix-huit ans, était passionnément attaché à la construction d'une société aux couleurs du monde. Oui, Grenoble méritait mieux ! (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.)
Tout cela nous est insupportable quand on sait la meurtrissure qu'a constituée pour Grenoble l'hyper-stigmatisation de notre ville, d'un de ses quartiers, d'une de ses communautés. Nous est insupportable l'amalgame fait entre délinquance et immigration.
La déchéance de la nationalité française, que nous allons aborder dans l'article 3 bis,…