Lors de l'audition de M. le ministre, je m'étais permis de rappeler un certain nombre d'éléments, et je vous avais reproché des amalgames dangereux, que vous faites régulièrement en liant immigration et sécurité. Je veux le répéter ici, car la tournure des discussions de ce soir me confirme qu'il faut le répéter sans cesse.
Le pacte républicain est mis à mal, et les réponses au jour le jour que vous donnez aux problèmes actuels d'insécurité sociale, économique, et d'ordre public n'ont rien de rassurant. Vous avez déclenché et justifié par avance des réflexes sociaux que vous risquez de ne plus maîtriser. Les passions populaires sont toujours prêtes à exploser, vous le savez et jouez toujours un peu sur cette corde-là. Votre discours, le texte que vous nous soumettez, ne peuvent que réactiver les haines, les vieilles rancoeurs les vieux démons et les réflexes primaires.
Quoi de plus passionnel, de plus irréfléchi, de plus primitif que la haine ou la peur de l'étranger ? Méditez cela, dans les moments difficiles, les périodes de fortes tensions économiques que traverse aujourd'hui notre pays, l'étranger devient très rapidement le bouc émissaire, indépendamment de son comportement objectif.
Aujourd'hui, vous voulez une fois encore surfer sur une vague porteuse. Seule importe pour vous, monsieur le ministre, la communication à court terme. L'histoire nous démontre avec quelle facilité peut craquer l'enveloppe de civilisation qui tente de contenir ces vieilles haines et ces vieilles rancoeurs, en s'appuyant sur les valeurs de solidarité, de tolérance et d'hospitalité, qui font – ou faisaient, je crains que l'imparfait ne devienne d'actualité – partie de l'histoire de notre République.