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Intervention de Danièle Hoffman-Rispal

Réunion du 29 septembre 2010 à 21h30
Immigration intégration et nationalité — Article 2

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDanièle Hoffman-Rispal :

J'irai dans le même sens que mon collègue Dufau.

L'idée que les candidats à la naturalisation doivent apprendre le français ne me choque pas, mais c'est compliqué pour des gens qui travaillent huit heures par jour, qui ont une heure de transport et élèvent leurs enfants. C'est d'autant plus difficile que, depuis 2003, les associations agissant au titre de la politique de la ville, qui apportaient un soutien pour l'apprentissage de la langue, ne sont plus aidées. Elles n'ont pas les moyens de participer aux appels d'offre. Ces associations de proximité ne peuvent plus aujourd'hui aider ces gens à apprendre le français. Donnons-nous donc les moyens de les aider. Les diverses politiques menées depuis 2002 ont fait baisser le nombre de femmes adultes relais qui aidaient à l'apprentissage de la langue dans les associations. Si le projet de loi durcit certaines conditions d'obtention de la nationalité française et que nous n'avons pas les moyens d'aider les personnes à remplir ces conditions, c'est un vrai souci.

Pour terminer, je vous avouerai que le débat de cet après-midi m'a un peu irritée. Je vous ai écoutés sans rien dire, mais je ne sais pas si je suis une bonne Française – j'ai du sang roumain, polonais, russe. Ce que je sais c'est que des membres de ma famille sont arrivés en France dans les années 40 et sont morts entre 1990 et 2000. Ils étaient tailleurs. Vous savez, quand on travaille chez soi derrière une machine, il est difficile d'apprendre la langue, surtout qu'à l'époque on travaillait beaucoup. Ces gens n'ont jamais tué personne ; ils n'ont jamais eu leur nationalité et sont morts apatrides. L'apprentissage du français était déjà exigé – cela n'est pas nouveau –, ce n'est donc pas la peine de le durcir. Suis-je une bonne Française puisqu'une partie de ma famille est morte apatride et ne parlait pas la langue de ce pays où elle a pourtant travaillé pendant soixante ans ? Mon grand-père est mort en me disant : « Malheureusement, je n'ai jamais eu le droit de vote. » (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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