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Intervention de Noël Mamère

Réunion du 30 septembre 2010 à 15h00
Immigration intégration et nationalité — Après l'article 5 bis, amendement 40

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaNoël Mamère :

Je suis désolé de ne pouvoir partager l'apparent consensus mou qui se fait jour entre la droite et la gauche. Nous avons déjà débattu ici de la question des fichiers et elle a occasionné beaucoup de manifestations. Dois-je rappeler ce qu'est le fichier STIC et les dégâts collatéraux qu'il entraîne ? les combats que nous avons menés pour que le fichier Edwige disparaisse ? Nous pourrions encore parler du fichier Judex et d'autres. Notre société n'est plus celle du XIXe et du XXe siècle, mais la société du numérique. Nous avons aujourd'hui à notre disposition des outils informatiques extrêmement performants, ce qui rend extrêmement facile de croiser les fichiers et de savoir beaucoup de choses sur chacun d'entre nous. Aussi, chaque fois que j'entends le mot « fichier », je ne sors pas mon révolver, mais je me dis qu'il y a danger.

On peut entendre les arguments de M. Goasguen sur le plan administratif ou juridique, mais du point de vue politique et s'agissant du contrôle sur la population, quelle qu'elle soit, cela me paraît dangereux. Déjà, grâce à nos portables et à nos diverses cartes magnétiques, il est très facile de savoir qui nous sommes, quelles sont nos maladies et ainsi d'agir dans notre cadre professionnel, ce qui peut conduire à des excès terribles.

Nous sommes dans une société de surveillance. Accepter une étude sur un éventuel fichier destiné à explorer la réalité française, c'est une idée dont je me méfie comme de la peste. J'aurais voté contre l'amendement de M. Vanneste et je ne suis pas du tout favorable à ce qu'il y ait une mission, même avec un député de droite et un député de gauche, sur cette question. Nous croulons sous les fichiers, nous ne sommes que trop dans une société de surveillance, arrêtons là.

Ceux qui s'intéressent un peu au « progrès » de la science savent qu'en France, aux Japon, aux États-Unis, en Suède et bien d'autres endroits, des gens investissent beaucoup d'argent sur ce qu'on appelle la convergence entre nanotechnologies, biotechnologies, sciences cognitives et techniques d'information et de communication. C'est ce qu'on appelle le « transhumanisme », la « singularité évolutionnaire », « l'homme augmenté ». Voulez-vous vous inscrire dans une logique qu'a très bien décrite un auteur trop oublié, Günther Anders, qui a écrit sur Auschwitz, sur Hiroshima, sur L'obsolescence de l'homme ainsi que sur ce qu'il a appelé « la honte prométhéenne » ? Méfions-nous de tous ceux qui se prennent pour des Prométhée au petit pied et qui nous promettent de toujours nous contrôler.

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