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Intervention de Jean-Pierre Brard

Réunion du 28 septembre 2010 à 21h30
Immigration intégration et nationalité — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Brard :

Le cas par cas, c'est l'injustice, l'arbitraire, monsieur Luca ! Il doit y avoir une règle, et ce ne sont pas les députés alsaciens qui me contrediront.

Comme disait Brecht : la règle est l'exception. C'est la règle qui doit s'appliquer et ne pas laisser l'exception devenir la règle.

Monsieur le ministre, vous êtes allé dans des centres de rétention. Mais avec un membre du Gouvernement, je ne suis pas sûr que la parole soit aussi facile qu'avec un député. J'ai, pour ma part, passé une nuit au centre de rétention de la préfecture de police pour voir comment cela se passait. Comme j'avais du temps, j'ai discuté avec les jeunes fonctionnaires de police. Nombre d'entre eux avaient rêvé depuis leur plus tendre enfance de devenir policier. Où se retrouvaient-ils ? Enfermés, eux aussi, dans un centre de rétention, loin de leur copain ou de leur copine et obligés de retourner dans leur province d'origine à grands frais ! Croyez-vous que ce soit la meilleure façon d'aborder la profession policière ? Vous êtes-vous jamais mis à leur place ?

J'avoue avoir été particulièrement ému quand l'un de ces jeunes fonctionnaires m'a fait cadeau de son code de déontologie, ou encore quand un autre, parce que j'avais distribué ma carte de visite, m'a envoyé ses voeux à l'occasion de la nouvelle année.

Allez dans les centres de rétention ! Parlez avec les détenus ! Parlez avec les fonctionnaires de police, que l'on transforme en gardes-chiourmes. Ils vous diront à quel point est immoral le travail qu'on leur fait accomplir !

Le 31 décembre 2008, je suis retourné au centre de rétention de Vincennes apporter des chocolats aux fonctionnaires de police et aux détenus. Je trouvais en effet immoral de laisser ces personnes seules pendant que les autres faisaient la fête.

J'y ai rencontré deux Afghans qui m'ont raconté qu'ils étaient venus à trois d'Afghanistan. L'un d'entre eux avait été libéré mais eux se trouvaient toujours détenus sans que personne ne soit capable d'expliquer cette différence de traitement, ce qui montre bien que la règle qui prévaut dans votre système est l'arbitraire.

Où est le pays des droits de l'homme ? Où est le pays de la loi ? Il n'y a plus de règles. Or, comme le disait Babeuf, un pays qui ne connaît plus les droits ne connaît plus non plus les devoirs. Nous aurions intérêt à garder cela à l'esprit, y compris dans le contexte actuel.

Je vais maintenant m'approcher de ma conclusion.

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