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Intervention de François Roussely

Réunion du 15 septembre 2010 à 16h00
Commission des affaires économiques

François Roussely, président honoraire d'EDF :

Toutes deux ont fait l'expérience récente de ce qu'il en coûtait de vouloir se lancer seules. Ce qui a fait la force de l'organisation tripartite à l'origine du développement de notre filière électro-nucléaire est, indépendamment des compétences de chacun dans son domaine propre, précisément l'alliance des trois.

Les relations des grands opérateurs avec leurs sous-traitants sont très bonnes. L'association « France-Chine Électricité », regroupant une quarantaine d'acteurs qui bénéficient tous de l'implantation d'EDF en Chine, en est une illustration. Grâce à ce partenariat, qui a permis de maintenir le niveau des commandes en Chine, de grosses PME françaises, très spécialisées, ont pu maintenir leurs emplois et un certain niveau d'expertise et de compétences en France.

Faut-il organiser un débat public lors du démantèlement des installations en fin de vie ? Je n'ai pas véritablement d'opinion à ce sujet. Le nucléaire n'inspirera confiance que si l'on peut apporter la preuve qu'un ancien site d'exploitation peut, après sa fermeture, être rendu à son état naturel antérieur. A défaut, risquent de se développer des friches industrielles nucléaires, comme autant de verrues porteuses d'inquiétudes. Si un débat public est l'occasion de sensibiliser, d'éclairer, d'expliquer, d'argumenter, et au final de lever des incompréhensions, organisons-le. S'il n'est l'occasion pour chacun que d'exposer des positions stéréotypées et intangibles, il n'y a rien à y gagner.

Monsieur Cosyns, maintenant qu'on a l'assurance que le centre de stockage envisagé à Bure est géologiquement étanche, plus rien ne s'oppose à ce qu'on y entrepose, de façon réversible comme prévu dans la loi de juin 2006, les déchets radioactifs concernés. D'autres collectivités ont été sollicitées par l'ANDRA pour l'entreposage d'autres types de déchets. Je comprends que cela ne suscite guère d'enthousiasme. Pour autant, il faut bien trouver des lieux. Reste maintenant à passer aux actes pour Bure. L'installation ne sera prête qu'entre 2015 et 2025 et le coût doit en être maîtrisé. Il semble qu'il existe maintenant une réelle volonté d'aller de l'avant et que les deux départements de la Meuse et de la Haute-Marne acceptent bien le projet. Espérons que le retard pris pourra être rattrapé.

Madame Massat, dans le domaine énergétique, les prix ne sont jamais que relatifs. Dans le nucléaire, le coût tient pour l'essentiel à la construction et au capital investi, la main-d'oeuvre et le combustible n'y contribuant que de façon marginale. Tous les opérateurs de centrales nucléaires intègrent le coût d'exploitation, celui du retraitement des déchets et celui du démantèlement futur des installations, ces deux derniers étant provisionnés dans leurs comptes selon les normes établies par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Pour que les choix ne soient pas biaisés, il faut veiller à comparer des choses comparables, en l'espèce tenir compte de tous les coûts. Le prix du baril de pétrole n'intègre pas, par exemple, les sommes qui seront consacrées à réparer les atteintes à l'environnement causées par la récente marée noire dans le Golfe du Mexique. Le prix du kWh d'une centrale thermique peut au premier abord paraître inférieur à celui d'une centrale nucléaire. Mais il faut tout prendre en compte pour faire un choix économique rationnel. Si le prix du certificat d'émissions de CO2 est trop faible, comme aujourd'hui, il ne remplit pas son office. Inférieur à 30 ou 35 euros la tonne de CO2, il fausse les choix.

Les hausses de tarif régulières mais modérées seront-elles supportables par les clients ? Si dans le même temps la qualité du service s'améliore et si chacun a le sentiment que l'indépendance énergétique du pays est mieux assurée, je pense que oui, aussi bien pour les consommateurs domestiques que pour les entreprises.

Le nucléaire doit-il être éligible aux financements privilégiés dont bénéficie aujourd'hui l'ensemble des énergies renouvelables que l'on cherche à promouvoir de manière très volontariste ? Pourquoi pas si on considère qu'il est un des éléments du développement durable ? Disant cela, je veux seulement pointer qu'on ne peut pas durablement s'éloigner des réalités économiques.

L'ASN a-t-elle trop de pouvoirs ? Une autorité responsable d'un sujet aussi important que la sûreté nucléaire n'a jamais trop de pouvoirs. En revanche, elle doit en user de façon équilibrée. Il faut aujourd'hui tenir compte de la dimension internationale. La simple prise en compte des expériences étrangères constituerait un progrès.

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