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Intervention de Marie-Lou Marcel

Réunion du 14 septembre 2010 à 21h30
Réforme des retraites — Explications de vote personnelles

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-Lou Marcel :

…une réforme qui ne fasse pas reposer l'effort sur les plus humbles et qui garantisse une pérennité du financement.

De nombreux élus de la majorité pensent que supprimer la niche fiscale, dite niche Copé, faciliterait les délocalisations. C'est un argument comparable à celui employé par le Gouvernement pour justifier le bouclier fiscal : il favoriserait le retour des évadés fiscaux. Or est-ce que la mise en place du bouclier fiscal les a fait revenir ? Non. Les entreprises françaises qui souhaitent se soustraire à la fiscalité le feront, même si nous supprimons la niche Copé.

Rappelons que si les comptes publics sont si déficitaires, c'est en premier lieu du fait de l'échec de votre politique. Vous prenez prétexte de la crise pour agir, mais il n'a pas fallu attendre cette crise pour qu'en trois ans, de 2005 à 2008, la branche vieillesse passe de 2 milliards à 6 milliards de déficit !

Vous prétextez l'allongement de l'espérance de vie, mais nous avons rappelé de nombreuses fois que l'espérance de vie d'un homme cadre était supérieure de sept ans à celle d'un homme ouvrier. Selon Serge Volkoff, directeur du centre de recherches et d'études sur l'âge et les populations au travail, à trente-cinq ans un ouvrier peut statistiquement espérer connaître encore vingt-quatre ans de bonne santé, soit dix de moins qu'un cadre !

Cela nous amène à la question de la pénibilité.

Votre projet de loi met l'accent sur le taux d'invalidité d'un salarié avec un suivi personnalisé. En réalité, et tous les débats d'aujourd'hui l'ont rappelé, en procédant ainsi vous semblez ignorer ce qu'est la vraie pénibilité de certains métiers.

Lina, ouvrière de quarante-huit ans qui travaille à la chaîne depuis quinze ans dans une usine de produits chocolatés le dit dans une interview. « Je suis fatiguée par le rythme de travail en trois huit, par le bruit, les pépins physiques liés aux gestes répétitifs... Mon travail debout est pénible et monotone... En soi, mes tâches ne sont pas lourdes, le problème c'est la répétition... J'ai des fourmillements dans les mains. Lorsque je ne peux plus les bouger, je les secoue pour réactiver la circulation sanguine » déclare cette ouvrière qui accumule les douleurs dorsales et les tendinites dans les avant-bras.

Lina sera de surcroît, victime de votre texte à un autre titre, parce que sa carrière est incomplète comme celle de nombreuses femmes.

Voilà des raisons précises, des raisons tangibles pour nous opposer à votre énième texte de régression sociale, élaboré dans la précipitation, sans concertation. C'est pourquoi je voterai contre ce projet injuste et inéquitable.

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