Tel une Margaret Thatcher du vingt et unième siècle, le Premier ministre s'évertue depuis des mois à crier sur tous les toits qu'il n'y a pas d'alternative. Cette tentative, très construite, s'est déroulée en deux étapes.
Au premier acte, l'UMP prétend que le parti socialiste n'a pas de projet. Quand il est devenu évident que le parti socialiste avait un projet, puisque c'est celui que les Français préféraient, vous avez changé votre fusil d'épaule.
Malheureusement pour vous, votre deuxième acte, qui définissait notre procédé comme une avalanche de taxes, n'a guère été plus apprécié et n'est pas parvenu à faire retomber l'hostilité à votre projet sur les retraites.
Vos tentatives étaient vouées à l'échec parce qu'elles étaient plombées par le péché originel de votre projet de loi, à savoir : son injustice. Cette injustice a été reconnue par tous : les syndicats, réunis ; les manifestants, à nouveau nombreux ; les Français, unanimes dans les sondages ; et même les députés de la majorité, absents avant-hier soir.
L'injustice a sauté aux yeux de notre pays depuis que les salariés ont compris qu'ils allaient supporter 85 % de l'effort financier à venir. Les mêmes salariés, qui subissent les dix-neuf taxes créées par votre gouvernement depuis 2007, je pense notamment aux franchises médicales, n'ont pas oublié que votre bouclier fétiche et fiscal ne leur était pas destiné. Ils n'ont pas oublié que la promesse de la hausse du pouvoir d'achat n'avait pas été tenue ; ils ont compris que le report de l'âge légal à soixante-deux ans allait rendre encore plus difficile sa réalisation, en rendant obligatoire des fins de carrières précaires et hachées.
En faisant passer des vessies pour des lanternes, et la prise en compte de l'incapacité pour celle de la pénibilité, vous avez insulté l'intelligence de nos concitoyens. Les Français qui souffrent au travail ont intégré que vos ergotages sur les pourcentages d'incapacité ne visaient qu'une chose : rendre la réforme illisible, sans prendre en compte la situation du plus grand nombre. Là où vous auriez pu habiller votre réforme avec un peu d'humanité, vous n'avez opposé que mépris à nos propositions et aux attentes des salariés.
Il en a été de même concernant une autre situation tout aussi injuste : je pense ici à l'impossibilité de toucher une pension de réversion pour les conjoints survivants d'un couple pacsé. Cette promesse présidentielle est allée rejoindre aux oubliettes du sarkozysme la république irréprochable, la hausse du pouvoir d'achat et la lutte contre l'insécurité.