Depuis les réformes Balladur et Fillon sur les retraites, seuls les salariés ont été mis à contribution. En quelques années, si l'on additionne les évolutions en matière de cotisations, quatorze trimestres de plus sont demandés aux salariés.
Les socialistes avaient déjà émis les plus grandes réserves à propos de ces réformes. Au-delà de la méthode, que nous avions à l'époque très largement critiquée, nous avions expliqué ici même, dans l'hémicycle, que les réformes étaient déséquilibrées d'un point de vue financier, injustes et, au terme des débats que nous venons d'avoir, il semblerait que la réforme dite Woerth soit identique aux deux précédentes.
Le constat est à présent connu : des retraités qui voient leur niveau de vie se dégrader largement, des salariés âgés privés d'emploi et des jeunes qui n'arrivent pas à accéder à une première activité professionnelle.
Vous le savez, monsieur le ministre, les Français sont très majoritairement attachés à la retraite à soixante ans, même s'il faut tenir compte de l'évolution de l'espérance de vie, et notamment des évolutions liées aux durées de cotisation. Pour les socialistes, ce marqueur social est très important. Nous avons eu l'occasion de rappeler que la liberté de pouvoir partir à soixante ans, dès lors que l'on a les durées de cotisation, devait être maintenue. Malheureusement, vous avez souhaité revenir sur cette grande avancée sociale que le Président de la République, François Mitterrand, avait offerte aux Français.
Notre pays, vous le savez, se caractérise par le triste record du taux d'activité des seniors le plus faible d'Europe, mais en même temps par celui du chômage des jeunes – ce que l'on appelle les zones grises. Les socialistes ont eu l'occasion, tout au long de ce débat, de vous démontrer qu'ils avaient un contre-projet qui n'est évidemment pas du tout le même que le vôtre. D'ailleurs, je voudrais faire le bilan des quelques jours que nous avons passés ensemble. Le débat a été bâclé. Il a notamment été censuré en raison d'une réforme du règlement qui prive l'opposition de la faculté de s'exprimer correctement.