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Intervention de Serge Blisko

Réunion du 14 septembre 2010 à 21h30
Réforme des retraites — Explications de vote personnelles

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSerge Blisko :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, j'ai écouté avec attention ce débat sur la réforme des retraites qui arrive à son terme. Ce matin, je me sens triste. Triste, comme un certain nombre de mes collègues, de voir le Gouvernement et la majorité parlementaire s'enfermer dans ce mauvais texte.

En effet, en portant l'âge légal de départ à la retraite de soixante à soixante-deux ans, vous oubliez, bien qu'on en ait beaucoup parlé cette nuit, que ce sont des hommes et des femmes, souvent au travail depuis longtemps, que vous pénaliserez, que vous obligerez à travailler jusqu'à la limite de l'épuisement parce qu'elles totaliseront quarante-trois, quarante-quatre ou quarante-cinq ans de vie au travail lorsqu'elles pourront partir à la retraite.

Ne nous objectez pas l'invalidité à 10 % qui ouvrirait un droit à la retraite à soixante ans. Le taux d'invalidité fixé par le médecin conseil de la sécurité sociale n'a souvent rien à voir avec l'état de fatigue qui envahit le salarié, avec les douleurs accumulées à cause de gestes mille fois répétés.

Seulement 30 000 personnes seraient concernées par cette invalidité. Mais des centaines de milliers d'autres ont subi des conditions de travail difficiles, en plein air, dans le bâtiment, les travaux publics, dans l'eau, dans la boue, dans le froid, dans l'humidité.

Combien de terrassiers, de conducteurs d'engins de travaux publics, de maçons, de carreleurs qui travaillent à genoux toute la journée, de peintres en bâtiment qui respirent des vapeurs toxiques, de travailleurs de l'agro-alimentaire ? Pensons en particulier à ceux qui rentrent et qui sortent des chambres froides, qui portent des quartiers de viande de plusieurs dizaines de kilos sur leur dos. Pensons aux aides soignantes qui se déchirent les muscles du dos en soulevant des personnes impotentes.

Combien de femmes de ménage présentes, comme nous le voyons aujourd'hui dans cette maison, dès cinq heures ou six heures du matin, dans les bureaux, les gares, les magasins ?

Combien de travailleurs des cafés restaurants qui finissent la plonge à deux heures, trois heures du matin ou qui, à l'inverse, sont présents dès six heures pour servir le premier café, pour vous tendre le journal ? Et que dire des ouvriers qui manient à longueur de journée et d'année des outils tels que le marteau piqueur !

Ce ne sont pas des professions protégées, ce ne sont pas des régimes spéciaux, ce ne sont pas des personnes qui seront nécessairement en invalidité à la fin de leur vie professionnelle, c'est la vie quotidienne de centaines de milliers d'hommes et de femmes, employés, ouvriers, agents de service, qui forment la majorité de nos salariés dans notre pays.

Nous parlons de leur usure, de leur fatigue. C'est à ceux-là que vous osez expliquer qu'il est juste de faire des années supplémentaires au travail, eux qui déjà sont les plus mal payés, les plus mal lotis de tous les salariés de ce pays. Et vous savez que ce sont eux qui auront le temps de retraite le plus court, car ce sont eux qui disparaissent les premiers. Quelle injustice !

C'est en leur nom que je vous demande, mes chers collègues, de refuser de voter ce projet de loi. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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