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Intervention de Dominique Orliac

Réunion du 14 septembre 2010 à 21h30
Réforme des retraites — Article 31

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Orliac :

Ce texte, comme avant lui les réformes de 1993 et de 2003, a pour effet une baisse du niveau des pensions et un creusement des inégalités déjà fortes entre les femmes et les hommes. Au moment de leur départ à la retraite, les femmes perçoivent une pension inférieure en moyenne de 44 % à celle des hommes et, faut-il le rappeler, plus de la moitié des femmes retraitées touchent une pension inférieure à 900 euros.

Deux raisons principales expliquent ces écarts injustifiés : les femmes sont en moyenne moins rémunérées que les hommes et leurs carrières sont plus heurtées, notamment en raison de la maternité et des emplois précaires.

À ces raisons quasi structurelles du marché du travail, le texte du Gouvernement ajoute de nouvelles injustices et accroît de façon mécanique les écarts et les inégalités entre hommes et femmes. En allongeant la période d'activité, le texte suppose que le passage de l'emploi vers la retraite se fait de façon naturelle. Or les femmes sont bien moins nombreuses que les hommes à passer directement de l'emploi à la retraite. Près du tiers d'entre elles ont connu le chômage avant d'arriver à la retraite contre environ 20 % des hommes. D'ailleurs, 30 % des femmes salariées contre 5 % des hommes attendent d'avoir atteint l'âge de soixante-cinq ans pour liquider leurs droits à la retraite, faute de pouvoir disposer auparavant du nombre de trimestres suffisant pour une pension à taux plein.

Les femmes âgées de soixante à soixante-cinq ans sont très nombreuses à connaître le chômage et la précarité. Par conséquent, en reculant l'âge légal de départ de soixante à soixante-deux ans et l'âge de départ à taux plein de soixante-cinq à soixante-sept ans, le Gouvernement allongera de facto cette période de précarité et le niveau de pensions et les conditions de vie des femmes ne s'en ressentiront pas dans le bon sens !

Le durcissement des dispositifs de prise en charge des situations de non-emploi et de non-retraite – maladie, invalidité, chômage de longue durée, préretraites – contenu dans ce projet, appauvrira en premier lieu les femmes, à commencer par les femmes seules qui ne bénéficieront pas de la réversion.

Monsieur le ministre, vous défendez un texte qui ne lutte pas contre les inégalités entre les hommes et les femmes devant la retraite. Pire : il les accroît considérablement. Comment y voir un progrès ? Comment qualifier cette réforme de réforme juste et équitable ? En matière de genre, c'est tout le contraire.

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