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Intervention de Yves Cochet

Réunion du 14 septembre 2010 à 21h30
Réforme des retraites — Article 28

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Cochet :

Pour assurer leur développement, cadeaux fiscaux et abattements de charges sociales se sont multipliés. De façon plus détournée, l'affaiblissement du régime par répartition est une manière de contraindre à la montée en charge de la retraite par capitalisation. On avance que la répartition va fonctionner de moins en moins bien, on souligne les déficits, pour mettre en valeur d'autres méthodes, comme la capitalisation. Certaines compagnies privées font d'ailleurs des publicités pour annoncer qu'elles sont prêtes.

Or, si la crise nous a enseigné quelque chose, c'est que les régimes de retraite par répartition, assis en majorité sur les salaires, sont plus stables et plus sûrs que les régimes de retraite par capitalisation. En 2009 comme en 2001, des centaines de milliers de salariés aux Etats-Unis et au Royaume-Uni ont soudain découvert au moment de partir en retraite que les économies d'une vie s'étaient volatilisées, comme cela avait été le cas en France lorsque la crise de 1929 a fait disparaître les retraites ouvrières et paysannes, réduisant à la pauvreté nombre de nos concitoyens.

En France aujourd'hui, grâce à l'institution des régimes de retraite par répartition, aucun salarié ne dépend d'une épargne placée en bourse pour couvrir sa retraite. En revanche, chacun dépend de la décision législative d'honorer ou de modifier les engagements de solidarité pris par la société pendant la période où il a cotisé. En effet, si les régimes par répartition lissent les évolutions, ils ne les suppriment pas : l'évolution démographique et l'entrée en crise de notre mode de développement économique ont des effets sur tous les régimes de retraite. L'allongement de la durée de vie et l'évolution du rapport entre les cotisants et les retraités sont une réalité, nous ne l'avons jamais nié. L'épuisement des ressources naturelles et l'empreinte écologique colossale de l'humanité sur notre planète sont une réalité qui doit aussi être prise en compte pour engager une réforme durable, parce que fondée sur des hypothèses réalistes. L'enjeu pour les écologistes est donc bien de consolider notre système de retraite par répartition dans ce contexte difficile et exigeant.

Consolider, mais aussi réformer pour plus de justice. Les droits à la retraite se construisent tout au long de la carrière professionnelle. De ce fait, la liquidation de la retraite intervient comme un concentré de toutes les inégalités de la vie au travail, tant en termes de continuité du parcours, de niveau de ressources que d'usure professionnelle – qu'on appelle maintenant pénibilité. Ce concentré peut se révéler d'autant plus amer que ces différents facteurs se compensent rarement ; ils se cumulent plutôt comme des doubles, voire des triples peines ! Ce que les écologistes proposent, c'est plus de justice, c'est-à-dire plus de solidarité pour compenser ces inégalités de parcours.

J'essaierai d'abord de montrer sur quelles fondations solides la réforme des régimes de retraites doit être bâtie, au service d'une répartition équitable et soutenable entre générations des ressources limitées, et dans une approche globale et renouvelée des temps de vie.

Cela concerne d'abord le mode de développement. On ne peut pas prétendre financer dans la durée les régimes de retraite sans organiser dès aujourd'hui la conversion écologique de nos économies vers un mode de développement soutenable. Sans une telle conversion, tous les désirs de croissance buteront sur la réalité des limites de la planète. Cette croissance semble faire l'objet d'une véritable religion. Certains y rêvent pour bientôt, à 1,5 %, 2 % en 2011, et y voient la solution à tous les problèmes, financement des retraites, chômage, diminution de la dette. Mais si nous voulons aller vers un mode de développement soutenable, c'est que, en réalité, les désirs de croissance se heurteront aux réalités des limites de la planète. Il y a là une base matérielle qui n'est jamais prise en compte ni dans les calculs du COR ni par le Gouvernement.

Le COR tablait jusqu'ici, dans ses projections, sur un retour progressif au plein emploi, une progression continue du salaire moyen, en lien avec la hausse de la productivité du travail, associée à une stabilisation du montant des retraites indexées sur les prix. Ces hypothèses ont été totalement contredites par la crise d'il y a deux ans tout juste : c'était, hier, la date anniversaire de la chute de Lehmann Brothers. Triste époque…

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