Pourtant, dans les grands pays démocratiques, aucune réforme des retraites ne peut être acceptée sans qu'il y ait en son coeur la justice sociale. Sinon, elle est refusée ; sinon, elle est rejetée ; sinon, elle est remise en cause. Malheureusement, c'est la voie que vous avez choisie.
Comment voulez-vous espérer l'adhésion à votre réforme ? Même si vous essayez de passer en force malgré l'opposition populaire qui ne fait que grandir, vous échouerez comme en bien d'autres circonstances auparavant. Il faudra reprendre cette réforme en 2012, s'agissant notamment de la question des seuils de soixante ans, de soixante-cinq et de soixante-sept ans parce que ce sont ces dispositions, qui mettent en jeu la justice sociale, que nous voulons combattre et remettre en cause.
Tous ces éléments, vous les connaissiez, ils étaient à votre disposition. Vous auriez pu les mobiliser pour que cette réforme soit juste.
Je vous le dis avec gravité, tant les enjeux sont majeurs : c'est l'avenir du pacte social français qui est en jeu, le pacte républicain. Je vous le dis avec solennité, car votre surdité a provoqué la colère d'une immense majorité de Français que je veux à nouveau relayer ici ; ces Français qui ne veulent pas de votre réforme alors que ces trois dernières années ont été pour eux trois années de régression sociale ; ces Français qui, par leur travail au quotidien, ressentent la fierté de faire de la France ce qu'elle est et qui en attendent de la reconnaissance mais qui, pour tout fruit de leurs efforts, ne récoltent que mépris et humiliation ; ces Français, chaque jour plus inquiets, inquiets de l'avenir de leur emploi, inquiets pour la sécurité de leur retraite, inquiets pour l'avenir de leurs enfants.
Des millions de Français ont défilé dans toutes les villes de France mardi dernier derrière les organisations syndicales rassemblées, solidaires, comme elles ne l'ont jamais été depuis des années, pour dire ensemble leur refus de votre projet et leur volonté d'être enfin écoutés et respectés.
Le 23 mars, ils étaient près de 800 000 à manifester contre votre politique ; le 27 mai, 1 million ; le 24 juin, deux fois plus ; et le 23 septembre, soutenus par une très grande majorité de Français – 70 % –, ils vont à nouveau exprimer leur colère et leur exigence. (Applaudissements sur quelques bancs du groupe SRC.)