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Intervention de Marie-Françoise Clergeau

Réunion du 10 septembre 2010 à 15h00
Réforme des retraites — Article 6

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-Françoise Clergeau :

Oui, monsieur le secrétaire d'État, dans une bulle, bien loin des préoccupations des Français, de la réalité d'un marché du travail qui rejette jeunes et seniors, qui précarise les salariés avec des temps partiels subis, de petits contrats, de longues périodes de chômage.

Le nombre d'annuités cumulées par les salariés ne cesse de baisser. Au moment de liquider leur retraite, deux salariés sur trois ne sont déjà plus en emploi car licenciés, chômeurs, inaptes, malades. C'est cela aussi la réalité de notre pays, mais vous n'en tenez pas compte.

Vous ne percevez pas non plus que, pour les Français, la retraite n'est pas qu'une question de milliards d'euros et de signaux adressés aux marchés financiers.

Pour nos concitoyens, la retraite, c'est bien sûr bénéficier de pensions permettant de vivre dignement, et pas de la solidarité. Sans revenir au cas des femmes, je tiens à dire que je partage tous les propos tenus et je me suis déjà exprimée sur ce sujet dans le cadre de l'article 5.

Au passage, je me permettrai d'indiquer à Mme Brunel qu'à côté des petits avantages accordés, elle a oublié de signaler la suppression de la demi-part fiscale pour les femmes qui ont élevé des enfants. Plutôt que des avantages accordés, ce sont des acquis qui ont disparu.

Pour nos concitoyens, la retraite, c'est l'aspiration à un repos bien mérité après des années de travail, c'est l'envie légitime de pouvoir en profiter et si possible en bonne santé, c'est l'envie de se donner le temps pour ses projets personnels.

En relevant l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans et le seuil de pension sans décote de 65 à 67 ans, vous vous attaquez à des publics qui connaissent déjà des difficultés certaines : les salariés aux carrières incomplètes, les femmes en particulier.

Vous prenez aux Français des années de bien-être, vous entamez leurs espérances, leurs envies. Vous rognez sur leur temps à consacrer aux autres, à leur famille. Vous amputez leur pouvoir d'achat : combien de femmes et d'hommes ne pourront pas aller jusqu'à 67 ans et ne pourront donc pas bénéficier d'une pension complète ?

Comme on le constate dans nos villes, au contact de la réalité, le temps de la retraite n'est pas le temps de l'inactivité, de l'inutilité. Essentiel à notre société, il est le temps consacré aux autres. C'est aussi ce qui fait la richesse de notre pays, le lien social, la vie associative, culturelle et sportive.

Mes chers collègues, ne l'oublions pas, il y a une vie après le travail. Cette vie riche et utile doit être digne.

Les Français vous l'ont dit mardi dernier ; ils vous le rediront le 23 septembre. Allez-vous les entendre, messieurs les ministres ?

Allez-vous aussi entendre les demandes visant à conserver pour les femmes le seuil de 65 ans comme âge de départ sans décote ? En Allemagne, pays que vous citez souvent en exemple, l'âge de départ à la retraite est fixé à 60 ans pour les femmes.

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