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Intervention de Alain Vidalies

Réunion du 10 septembre 2010 à 15h00
Réforme des retraites — Article 6

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Vidalies :

Les explications qui nous ont été fournies sur cette disposition ne sont pas convaincantes, pas plus que les arguments qui nous ont été opposés en commission, ou ceux présentés au rapporteur pour avis de la commission des finances lorsqu'il a tenté de remettre en cause cet article ou du moins de nuancer largement certains de ces effets – des membres de la délégation de l'Assemblée aux droits des femmes viennent de le rappeler.

À la page 242 du rapport de M. Jacquat, on trouve, en lisant le compte rendu des travaux de la commission, ces propos quelque peu étonnants dans la bouche du ministre : « On peut partir avant 65 ans ou 67 ans avec une décote. C'est un droit. Dans les autres pays, la retraite à taux plein intervient à 65 ans, et il existe parfois des âges pivots. En France, on pourra bénéficier du taux plein à 67 ans en 2018. Les différents systèmes sont difficilement comparables. » Mais, monsieur le ministre, il faut choisir ! Soit les systèmes sont comparables, soit ils ne le sont pas. Vous ne pouvez pas nous faire la leçon sur la base de comparaisons avec les autres systèmes pour ce qui concerne la première borne d'âge, et nous dire que les « systèmes sont difficilement comparables » lorsque l'on vous interroge sur les conséquences du passage à 67 ans. Pour ma part, je considère que votre seconde position est la plus sérieuse ; en tout cas, il vous faut faire un choix. En revanche, il est effectivement difficile de comparer les deux bornes d'âge : elles ont chacune leur propre logique, et elles concernent des populations très différentes.

Le rapporteur de la commission des finances lui-même a signé des lignes que nous pourrions reprendre. Il a aussi fait des propositions qui ne vous ont pas convaincu. Quant au rapport de M. Jacquat, il précise certains éléments, notamment concernant les femmes, que nous ne faisions que subodorer. À la page 239, il est ainsi indiqué que : « En moyenne, les femmes liquidant à 65 ans au titre de l'âge sont sans emploi depuis vingt ans. » Cette donnée est importante et révélatrice.

Vous avez la conviction – et il s'agit d'une vraie divergence entre nous – que le seul déplacement de la première borne d'âge aura un effet direct sur l'employabilité de personnes qui n'auront plus d'autre solution que de se retrouver sur le marché du travail. Vous espérez que le passage de 60 à 62 de cette borne induira une remontée de l'emploi des personnes de plus de cinquante-cinq ans puisque vous expliquez le déficit de notre pays en la matière par la proximité de l'âge de 60 ans. Nous ne sommes pas d'accord mais, en tout cas, c'est votre thèse depuis le début de ce débat.

Seulement, peut-on trouver quelqu'un pour croire que ce raisonnement puisse s'appliquer à la seconde borne d'âge ? Sérieusement, le passage de celle-ci de 65 à 67 ans peut-il avoir la moindre incidence sur les chances des personnes concernées de trouver un emploi ? Quelqu'un pense-t-il que, lorsqu'on est exclu du marché du travail, on peut y retourner à 65 ou à 66 ans ? Personne n'y croit !

Certes, vous pouvez toujours nous dire qu'il y a des déficits et qu'il faut les combler à n'importe quel prix, mais en dehors du fait que nous nous opposons à cet argument, ne croyez-vous pas que, précisément, le prix à payer est franchement trop élevé ?

Au-delà de nos divergences sur ce texte, sur le plan social, tout le monde peut ressentir – M. Bayrou l'a dit fortement tout à l'heure – combien il s'agit d'une mesure profondément injuste. Franchement, si c'est injuste, alors, il ne faut pas le faire ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC et GDR.)

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