…et même si je déteste répéter des choses que d'autres ont déjà dites, il me semble que c'est la règle dans cet hémicycle, une règle à laquelle je vais me conformer cette fois-ci (« Vous n'y êtes pas obligée ! » sur les bancs du groupe UMP) car il s'agit en l'occurrence de choses importantes. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
L'idée que l'on ne puisse faire autrement que d'augmenter la durée de travail parce que la durée de vie augmente me semble complètement aberrante, car elle va contre le sens du progrès. Pour les humains, le progrès serait plutôt de travailler moins pour vivre mieux. Pourquoi les énormes gains de productivité obtenus au fil des années n'ont-ils pas bénéficié au travail ? Ces gains ont été accaparés par les plus riches – qui ne trouvent d'ailleurs rien de mieux à faire que de partir à l'étranger –, alors que, s'agissant de gains de temps libre, ils pourraient nous servir à avoir une vie meilleure.
L'objet de cette réforme est de nous prendre les deux années de retraite les plus agréables : entre 60 et 62 ans, on a souvent encore beaucoup d'énergie, on peut profiter de son temps libre, par exemple en s'investissant dans des associations. Ce que vous nous dites, c'est qu'après avoir trimé toute une vie, il va encore falloir continuer ! Cette période va être très dure à vivre pour les personnes qui ont des métiers difficiles : il y aura des accidents du travail, des gens vont tomber malades et ne pourront pas profiter de leur retraite. Prétendre que l'espérance de vie va continuer à augmenter, comme par magie, alors que l'on va travailler deux années de plus, n'a aucun sens ! Pour ma part, je suis persuadée que c'est impossible. Comment cela pourrait-il être le cas, alors que notre nourriture est contaminée par les pesticides, que notre eau est de mauvaise qualité, que nous sommes irradiés (Exclamations sur les bancs du groupe UMP)…