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Intervention de Régis Juanico

Réunion du 10 septembre 2010 à 15h00
Réforme des retraites — Article 5

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRégis Juanico :

Nous sommes très loin des 30 000 salariés qui seront concernés par le volet « incapacité physique » du plan gouvernemental.

La droite a effectivement agi, dans le passé, sur les retraites. Vous avez organisé la baisse des pensions de 20 % en 1993 et 2003. Et vous voulez parachever votre oeuvre non pour sauver le régime par répartition – nous ne sommes pas dupes ! – mais pour avoir le scalp de l'acquis social historique qu'est la retraite à 60 ans ! Vous en avez fait un marqueur politique. C'est ce que vous voulez absolument démolir aujourd'hui, après les 35 heures, le code du travail, le service public et la sécurité sociale ! Cela fait partie de votre plan politique.

Je pense que vous n'y parviendrez pas parce que vous vous attaquez à un symbole. Vous auriez dû chercher à savoir quelles étaient les personnes qui ont défilé mardi. Dans mon département, ils étaient 40 000 sous la pluie, sous des trombes d'eau ! C'est un record historique ! (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Et ils seront plus nombreux la prochaine fois ! M. Minc parle de « chorégraphie » des syndicats. Mais c'étaient des défilés et les ouvriers y étaient nombreux. Même dans un département comme celui de la Loire, il y avait de nombreux ouvriers de ce qui reste de l'industrie, puisqu'il y a eu 3 500 licenciements en deux ans ! Ils étaient là parce qu'ils sont profondément attachés à la possibilité de partir à 60 ans.

Votre plan ignore une inégalité sociale fondamentale, l'inégalité devant l'espérance de vie. À 35 ans, l'écart entre un cadre supérieur et un ouvrier est de 7 ans mais ce qui est important, c'est l'état de santé. Il est dégradé après 60 ans chez 30 % des ouvriers, 20 % des cadres. Vous ne prenez pas du tout cet élément en compte dans votre texte. Les victimes de l'article 5, ce seront d'abord les ouvriers, ceux qui ont commencé à travailler jeunes, qui ont exercé les métiers les plus pénibles, les plus durs, et qui ont les plus petites retraites.

Pour terminer, je veux évoquer un aspect qui n'a pas encore été abordé et parler de réforme sociétale. Nous avons une grande richesse dans ce pays, c'est la vie associative. Il y a aujourd'hui 15 millions de bénévoles, un peu plus d'un million d'associations, dans le sport, les loisirs, la culture, le social. Ce sont elles qui font vivre le lien social dans nos territoires et favorisent la cohésion sociale. Un grand nombre des bénévoles ont plus de 60 ans, 55 % des personnes âgées de plus de 60 ans ont une activité bénévole dans les associations. J'ai croisé comme vous de nombreux bénévoles, ce week-end, dans ma circonscription, ils sont très découragés à l'idée d'avoir à travailler deux ans de plus. On va décourager l'engagement associatif.

Vous critiquez beaucoup les 35 heures, mais elles ont eu au moins un mérite, c'est de dégager du temps pour l'engagement associatif. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Là, vous allez crucifier toutes les volontés de ces retraités bénévoles qui sont au coeur des bureaux associatifs. Vous allez leur porter un coup fatal et vous en porterez la responsabilité.

Pour toutes ces raisons, nous devons mener le débat jusqu'au bout et vous devez reculer, entendre le message que vous ont adressé ces millions de Français mardi et prendre enfin la mesure de la crise que nous sommes en train de traverser par votre faute. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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