Si nous sommes aussi nombreux à participer au débat sur l'article 5, c'est bien évidemment parce que cet article est au coeur des injustices contenues dans le projet de loi. En effet, le report de l'âge légal de 60 à 62 ans est un recul historique. Nous aurons l'occasion, lorsque nous examinerons l'article 6, d'évoquer également le report de l'âge de départ à taux plein de 65 à 67 ans, qui va gravement pénaliser les femmes et tous les salariés qui ont eu des parcours hachés, des carrières incomplètes, sans oublier les jeunes, qui entrent aujourd'hui dans la vie professionnelle de plus en plus tard.
Avec l'article 5, qui marque un recul historique de l'âge légal de départ à la retraite, nous sommes au coeur du coeur. Il était également – l'avez-vous seulement remarqué ? – au coeur des revendications des 2,5 millions de manifestants mardi dernier, après les 2 millions du 24 juin, qui deviendront certainement 3 millions le 23 septembre. Cette mobilisation fut exceptionnelle. Les annonces du Président de la République, Nicolas Sarkozy, mercredi, et les déclarations, hier soir, de François Fillon ne sont pas à la hauteur des attentes des manifestants qui se sont exceptionnellement mobilisés contre les mesures d'âge, aujourd'hui fortement contestées par les Français. Toutes les enquêtes d'opinion le montrent, une large majorité de Français vous demande aujourd'hui de reculer et d'abandonner cette mesure de report de l'âge légal de départ à la retraite.
M. Sarkozy, a fait, mercredi matin, des annonces cosmétiques puisqu'il a indiqué qu'il resterait inflexible sur les mesures d'âge, qui sont pourtant au centre de la contestation. J'ai eu l'occasion de le préciser en commission mercredi soir : s'agissant de la pénibilité, nous sommes finalement passés d'une mesure homéopathique – 10 000 salariés concernés chaque année, soit 1,5 % des 700 000 départs à la retraite – à une mesure cosmétique : 30 000 salariés concernés, donc à peine 5 %. Or nous savons que la pénibilité touche durement 15 % environ des salariés prenant leur retraite. Nous sommes donc très loin du compte.
Le pouvoir reste donc sourd à ces revendications. J'ai été aussi été très surpris par les déclarations de François Fillon, hier soir, sur France 2. Je n'ai pas eu l'occasion, monsieur le ministre, de vous écouter, car vous êtes intervenu très tard et, à cette heure, de nombreux Français étaient déjà couchés – et c'était aussi mon cas. (Exclamations et rires sur les bancs du groupe UMP.)