Je suis d'autant plus inquiet que vous prétendez aujourd'hui être les garants du maintien de la qualité du système de retraite, que nous saurions, pour notre part, assurer avec nos propositions. Je veux bien écouter vos arguments, mais comment allez-vous financer tout cela ? Non seulement vous siphonnez le Fonds de réserve des retraites mais vous aviez oublié de l'abonder ! Vous êtes donc mal placés pour nous donner des leçons d'orthodoxie financière et de bonne gestion, dans le secteur des retraites comme dans d'autres. En fait, vous êtes dans l'incapacité de financer une politique équitable et juste de protection sociale, qu'il s'agisse de la petite enfance ou de la vieillesse.
Vous avez effectivement un problème : vous êtes complètement déconnectés du pays réel, ce pays réel qui s'est retrouvé à manifester, le 7 septembre, pour réclamer la justice sociale. Il est vrai que vous connaissez mieux la situation et les problèmes de Mme Bettencourt que celle des ouvriers de Billancourt.
Je voudrais, monsieur le ministre, que vous ayez le courage de nous dire qu'avec votre réforme, synonyme de régression sociale, vous prenez tout simplement votre revanche sur l'incontestable avancée de 1981, qui était le fait de François Mitterrand et de la gauche et permettait à ceux qui avaient travaillé dur de partir à la retraite dès 60 ans.
Le problème de la pénibilité du travail, que nous aborderons ultérieurement, est un problème essentiel, qu'il faudra bien prendre en compte. Cependant, lorsque vous indiquez que vous allez assimiler la pénibilité à une invalidité, non seulement vous commettez un contresens politique mais vous lancez une insulte à ceux qui arrivent usés en fin de carrière.
Mes chers collègues, vous avez encore la possibilité de vous ressaisir en votant les amendements que le groupe socialiste vous présentera. M. Garrigue vous a appelés à la raison. Si vous ne voulez pas écouter la voix de la raison qui s'élève des bancs de la gauche, écoutez du moins celle qui s'est élevée de vos bancs. Certains ont effectivement bien compris que c'est aujourd'hui le droit à la retraite égal et équitable pour tous qui est en jeu.
Je vous en prie, dans la difficile situation sociale que nous vivons, ne désespérez pas un peu plus ceux qui éprouvent les plus grandes difficultés à joindre les deux bouts non pas le 30, mais dès le 20 du mois. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)