…lesquelles personnes, d'ailleurs, n'auront pas droit à grand-chose dans la réforme dont nous discutons, voilà un gouvernement, donc, qui vient nous expliquer qu'il n'y a aucun aléa sur le terrain de l'emploi et que celui-ci représente un élément solide par rapport à la fiscalité. Je dois me pincer pour me prouver que je ne rêve pas quand j'entends asséner de telles vérités qui n'en sont pas.
Lorsque, en 1945, le Conseil national de la Résistance a créé le régime de répartition, la démographie était plus favorable : les non-actifs étant moins nombreux, le financement de leur retraite était moins lourd. La financiarisation de l'économie était également bien moindre : les stocks-options, les dividendes et les revenus des banques n'atteignaient pas des niveaux aussi éhontément insupportables qu'aujourd'hui. Alors que tout le monde se serre la ceinture et qu'on continue de parler de crise, on estime à 85 % l'augmentation des dividendes versés par les sociétés du CAC 40 au cours de l'année écoulée, ce qui montre bien que ce secteur est moins aléatoire que les salaires.
La répartition a un autre sens aujourd'hui qu'hier : elle consiste à faire en sorte que l'ensemble des revenus de l'activité économique et du travail produits par une génération en activité profite solidairement à la génération qui l'a précédée. Il n'est plus question seulement des revenus du travail.
Quand on s'enferme et qu'on nous enferme dans ce discours, c'est pour punir les salariés et les faire culpabiliser : comme ils sont moins nombreux, ça ne va plus « rigoler » pour eux. Il va falloir qu'ils cotisent le double ou le triple et qu'ils travaillent plus longtemps. Sinon, on ne s'en sortira pas ! Or il existe, par ailleurs, une multitude de situations, en dehors des niches fiscales, où l'argent rapporte en dormant.
À ce point de mon propos, je citerai, comme je l'ai annoncé, M. Borloo, que l'on dit promis à un avenir encore plus brillant que celui qu'il a connu jusque-là. Je l'ai entendu déclarer publiquement qu'il fallait passer maintenant à des financements du XXIe siècle pour les retraites. Cela signifie que les financements du XXe siècle, fondés sur une répartition axée davantage sur le monde du travail parce que les recettes fiscales étaient moins exubérantes qu'aujourd'hui, ne valent plus et qu'il faut élargir l'assiette. En disant cela, il avoue clairement, premièrement, que votre projet n'est pas financé ; deuxièmement, qu'il faudra remettre au pot des financements par le biais d'un élargissement de l'assiette et certainement d'une fiscalité plus juste.
Quand un personnage aussi éminent de la majorité met en cause de manière aussi fondamentale ce que vous êtes en train de faire, cela prouve que vous faites aujourd'hui le « job », mais sans le degré de conviction et surtout la capacité nécessaires pour que les choses aboutissent.
Pour nous, je le répète, la répartition signifie que toute l'activité économique d'une génération doit profiter, justement répartie, à la génération qui l'a précédée, qui a été au boulot avant elle, et avec laquelle nous devons être solidaires. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)