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Intervention de Pierre-Alain Muet

Réunion du 10 septembre 2010 à 15h00
Réforme des retraites — Article 5

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Alain Muet :

Alors, oui, nous remettrons en cause cette réforme. Après nombre de mes collègues, je vous le dis à mon tour : nous sommes fiers d'avoir abaissé l'âge d'ouverture des droits à la retraite à 60 ans.

À cette époque-là, ceux qui partaient à la retraite avaient souvent 44 voire 45 annuités de cotisations.

Le bon critère démographique, celui qui est juste, c'est le critère de la durée de cotisation, pour une raison simple : quand on est entré tôt sur le marché du travail, on a le droit d'en partir tôt. C'est d'autant plus juste que les ouvriers ont sept ans d'espérance de vie de moins que les cadres et que l'écart passe même à près de dix ans si l'on retient le critère d'espérance de vie en bonne santé. Maintenir l'âge légal des droits à la retraite à 60 ans pour les personnes qui ont toutes leurs annuités, c'est tenir compte de cette profonde inégalité dans les espérances de vie.

Plus que cela, c'est aussi permettre de choisir. Il faut ouvrir l'éventail des choix de retraite, tout en respectant la solidarité non seulement entre générations mais aussi entre concitoyens. Il faut permettre à ceux qui le souhaitent de partir plus tôt ou plus tard. La seule façon de le faire, est de laisser la possibilité de faire valoir ses droits à la retraite à 60 ans et de laisser jouer son rôle à la durée de cotisation – le droit de partir restant lié à l'accumulation d'un nombre d'annuités suffisant.

Certains pays ont ouvert cette possibilité, notamment la Suède, dont je suis d'ailleurs loin d'approuver le système de comptes notionnels même s'il a l'avantage d'ouvrir complètement les possibilités de choix dès lors que la neutralité actuarielle est respectée, c'est-à-dire que le choix ne coûte rien à la collectivité et qu'il est compatible avec l'équilibre. Quand elle a fait sa réforme, la Suède a abaissé l'âge d'ouverture des droits à la retraite de 65 à 61 ans. Ce n'était pas pour réduire la durée d'activité mais pour permettre d'ouvrir les choix, parce que cela fait partie des libertés importantes.

Votre projet est une réforme alibi pour faire oublier toutes celles que vous n'avez pas faites. En dix ans, vous aurez doublé la dette de notre pays.

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