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Intervention de Pierre-Alain Muet

Réunion du 10 septembre 2010 à 15h00
Réforme des retraites — Article 5

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre-Alain Muet :

Ces cadeaux fiscaux expliquent très largement le fait que la France, contrairement à d'autres pays, n'ait pas réduit son déficit public avant la crise. En effet, on retrouve entièrement ces 30 milliards dans le déficit, c'est-à-dire que ce sont les générations futures – les jeunes d'aujourd'hui – qui vont les payer.

Est-ce du courage de liquider le Fonds de réserve alors que la politique cohérente aurait été de continuer à l'abonder ?

Le vrai courage, monsieur le ministre, serait d'agir sur les causes, c'est-à-dire sur l'emploi. Dans votre discours, la croissance est visiblement quelque chose qui tombe du ciel. Eh bien, ce n'est pas vrai !

Certes, la France subit le même cycle économique que les autres pays européens, mais la croissance à moyen terme dépend principalement d'une chose : la capacité d'un pays à créer des emplois.

Quand vous nous présentez le chômage dû à la crise comme une fatalité, vous oubliez le cas de l'Allemagne. Ce pays a traversé la crise comme nous et en a même plus souffert en termes de production puisqu'il est plus ouvert au commerce international. Cependant, alors que les deux pays avaient le même taux de chômage harmonisé en juillet 2008 – environ 7,5 % –, celui de l'Allemagne se situe désormais légèrement en dessous de 7,5 %, tandis que le nôtre dépasse les 10 %. Nous comptons 600 000 chômeurs de plus, alors que l'Allemagne a traversé cette crise sans augmentation du chômage.

Eh bien oui, on peut agir sur la croissance quand on agit sur l'emploi. Je vais vous donner d'autres chiffres, en remontant un peu en arrière.

Durant les quatre années de gouvernement de MM. Balladur et Juppé – vous voyez que je reviens aux premières réformes – la croissance française était de 1,5 % en moyenne, quand la croissance européenne était de 2 %. Pourquoi ? Parce que la France créait peu d'emplois – environ 80 000 par an –, moins que nos partenaires européens.

Sous le gouvernement de Lionel Jospin, la croissance française est passée à 3 %, alors que la croissance européenne restait à 2 %. Cela montre bien que tout le discours consistant à raconter que la croissance est tombée du ciel ou venait d'ailleurs est contredit par les chiffres. La France affichait 3 % de croissance alors que l'Europe restait à 2 ou 2,5 %, parce que notre pays créait 400 000 emplois par an, deux millions en cinq ans. Dans ces conditions, le pouvoir d'achat du revenu disponible augmentait de 3,4 % au lieu de 1,5 % comme au cours des années précédentes.

Si les déficits, y compris ceux des régimes de retraite et des comptes sociaux, se sont creusés à partir de 2002, c'est parce que la croissance de l'emploi n'a pas été au rendez-vous.

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