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Intervention de Alain Vidalies

Réunion du 9 septembre 2010 à 21h30
Réforme des retraites — Article 4, amendement 288

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAlain Vidalies :

Nous avons assisté, pendant une petite demi-heure, à une offensive qui, si elle laissait à désirer d'un point de vue rationnel, a été assez intéressante sur le plan politique. J'ai beaucoup aimé ce moment de distraction. Au terme d'une longue démonstration, M. Dord a délivré un message politique très fort consistant finalement à dire aux Français que, puisqu'ils ne sont pas sûrs d'avoir tous une retraite au taux maximal à soixante ans avec les socialistes, il valait mieux attendre de l'avoir à soixante-deux ans avec la majorité. Je vous souhaite bon courage pour défendre cette idée sur les estrades.

Mais la caricature n'est pas au rendez-vous. La question principale pour nous est la différence d'espérance de vie, qui constitue la plus grande des injustices et que nous ne pouvons pas ignorer dans ce débat. Nous retrouverons cette difficulté lorsque nous examinerons la question de la pénibilité. Selon les analyses de l'Institut national d'études démographiques, l'espérance de vie d'un ouvrier dans notre pays – cela fait partie de notre histoire collective – est inférieure de sept ans à celle d'un cadre, et la différence d'espérance de vie en bonne santé entre les deux est de dix ans.

Nous ne pouvons ignorer ce problème quand on parle d'accès à l'âge de la retraite. Selon l'INED, l'espérance de vie en bonne santé d'un ouvrier est, à trente-cinq ans, de vingt-quatre ans, ce qui nous mène à cinquante-neuf ans. Pour un cadre, on rajoute dix ans. Ce problème doit également être pris en compte pour l'allongement de la durée des cotisations.

Vous prétendez que notre système n'existe pas, que si nous maintenons l'âge légal de départ à la retraite à soixante ans tout en procédant à un allongement de la durée de cotisation, cela aboutit à une contradiction, de telle sorte que le droit accordé sera extrêmement minoré.

Je me permets de rappeler que la remise en cause de la durée de cotisation n'apparaît pas dans la plateforme commune des organisations syndicales. Elle figure dans les revendications de l'une ou de l'autre, mais pas dans les revendications communes à toutes.

Par ailleurs, nous savons que ceux qui ont l'espérance de vie en bonne santé la plus faible sont ceux qui arrivent à soixante ans avec la totalité des cotisations, c'est-à-dire prochainement quarante et une annuités. Comment ? Par la bonification. C'est pourquoi le débat sur la pénibilité aurait dû précéder celui sur les retraites. C'est la seule entrée qui aurait permis d'aboutir avec les partenaires sociaux à une réforme juste et de prendre en compte les travaux de l'INED et du COR : à quelqu'un qui a travaillé dix ans aux intempéries, en « trois huit » ou de nuit, on pourrait, comme nous le proposons, proposer une ou deux années de cotisation de compensation. Les conclusions du dernier rapport du Conseil économique et social sur le travail de nuit sont pires que ce que l'on pouvait imaginer. J'ignorais moi-même le lien qui pouvait exister entre le travail de nuit et le développement du cancer du sein chez les femmes.

Pour ceux qui rentrent plus tard dans la vie active, parce qu'ils ont fait des études – ce qui représente une chance –, on leur offre la possibilité de payer des cotisations supplémentaires au cours de la première partie de leur vie active afin d'arriver à soixante ans avec le nombre d'annuités requises.

Quand nous parlons de retraite choisie, cela signifie pour le travailleur se mettre dans la situation de pouvoir partir à soixante ans, soit par le biais de bonifications, soit en se dotant des annuités nécessaires.

Il y aura toujours des personnes qui partiront après soixante ans. C'est la réalité d'aujourd'hui puisque l'âge moyen de départ volontaire à la retraite est de soixante et un ans, sauf que l'âge effectif où l'on quitte le marché de l'emploi est de cinquante-huit ans : des gens quittent le marché du travail non par choix, mais parce qu'ils sont mis dehors.

Quand l'ensemble de ces paramètres est pris en compte, notre projet nous semble juste et équilibré. Dans tous les cas, il ne présente pas la facture à ceux qui sont déjà le plus en difficulté. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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