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Intervention de Roland Muzeau

Réunion du 9 septembre 2010 à 21h30
Réforme des retraites — Article 4, amendement 145

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRoland Muzeau :

Depuis la réforme Fillon de 2003, l'allongement de la durée de cotisations est, semble-t-il, définitivement devenu l'alpha et l'oméga de votre politique.

Il se poursuit, pénalisant particulièrement les moins qualifiés, les femmes, toutes celles et ceux ayant des carrières incomplètes, chaotiques. Haro sur les quarante annuités, place aux quarante ans et demi aujourd'hui, aux quarante et un ans en 2012, aux quarante et un ans et demi en 2020, bref à des durées de cotisations de plus en plus élevées.

Rappelons une nouvelle fois que, dans votre projet, l'effort et l'équité – comme vous dites – repose à plus de 80 % sur les salariés.

Dans le prolongement de la loi de 2003, l'article 4 de votre réforme, que nous proposons de supprimer, confirme et conforte le principe tout à fait discutable d'allongement automatique de la durée d'assurance en fonction de l'allongement de l'espérance de vie moyenne, conduisant à partager les gains d'espérance de vie à hauteur d'un tiers pour la retraite et de deux tiers pour le travail.

Non, mesdames et messieurs, il n'y a rien de normal, rien d'évident, rien de logique à ce que l'augmentation de l'espérance de vie soit synonyme d'allongement de la durée du travail. Souvenez-vous que notre pays compte 10 % de chômeurs et du fait que 680 000 emplois ont été détruits au cours des dix-huit derniers mois.

Comme mes amis l'ont fait depuis le début des débats, je rappelle que 100 000 emplois représentent 1,9 milliard de recettes de cotisations en moins, dont 40 % pour les retraites.

Plus d'espérance de vie, c'est aussi le droit à une autre vie. Jamais nous n'accepterons que les retraités soient considérés comme une charge pour la nation, ce que vous faites en permanence. Ils sont un atout pour un autre développement de notre société.

Ce principe automatique, aveugle, accentue les inégalités entre les retraités : temps de vie à la retraite, montant de pension. Il ne tient absolument pas compte des différences d'espérance de vie marquées selon les catégories socioprofessionnelles, ni des écarts d'espérance de vie en bonne santé après soixante ans, plus sensibles encore.

Rappelons encore une fois qu'à soixante ans, un cadre peut espérer vivre sept ans de plus qu'un ouvrier. Rappelons aussi qu'un ouvrier de trente-cinq ans peut aujourd'hui espérer une vie sans incapacité sensorielle ou physique jusqu'à cinquante-neuf ans, alors que cette espérance est de soixante-neuf ans chez les cadres, soit dix ans de plus. Il y a encore beaucoup de progrès à faire.

Les inégalités sociales d'espérance de vie se doublent donc d'inégalités d'espérance de vie sans incapacité. Cette double peine pour les ouvriers, mise en lumière par l'INED depuis 2003, est une réalité que votre réforme ignore et conduira même à aggraver.

De la même façon, il est faux de prétendre aux vertus d'un choix de départ à la carte. Cela n'existe pas.

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