Nous sommes à un moment où le débat pourrait être simple, voire simpliste, un peu comme si la logique que vous essayez de déployer en permanence – il est normal que l'on travaille plus longtemps puisque l'on vit plus longtemps – était isolée de tout le reste de la problématique qui se pose à nous.
À l'évidence, il y a un accroissement de la durée de la vie et il faut s'en féliciter. Dans le modèle de société auquel nous sommes attachés, nous considérons que si cet allongement doit avoir une incidence sur le travail et les cotisations, il faut aussi tenir compte de la diversité des parcours, de la réalité des actions menées par les uns ou par les autres. C'est pourquoi nous estimons que le gain de temps résultant de l'allongement de la durée de vie ne doit être consacré que pour moitié au travail et pour une autre moitié à ce temps de retraite que chacun a bien mérité.
Il s'agit aussi de savoir dans quel état de santé on partira à la retraite et quelle qualité de vie on aura. De ce point de vue, l'espérance de vie dont nous avons dit qu'elle avait été allongée est un élément qu'il faut capitaliser dans un modèle de société où le travail ne peut pas être tout, où le travail ne peut pas être le seul identifiant, surtout quand on sait que nous passerons un nombre d'années conséquent à la retraite.
Ce temps de travail, le parti socialiste souhaite le présenter au travers de la thématique du choix, c'est-à-dire d'une forme de souplesse. Or les propositions que vous nous faites ne nous permettent pas d'y répondre. On le sait, les professions ont changé, les métiers, les rythmes de travail, les formes de contrat, les relations dans l'entreprise ont changé. Il serait dramatique d'adresser ce seul message à nos concitoyens : travailler, travailler, travailler encore.
Une émission diffusée tout à l'heure nous montre des Français qui ont l'impression que l'âge de départ à la retraite sera perpétuellement reculé, comme s'ils n'avaient aucune possibilité de voir ce temps de retraite comme un temps d'épanouissement.
S'agissant du financement des retraites, dès lors que les clés que vous avez retenues font porter l'effort sur celles et ceux dont la crise a fait les principales victimes, il est clair qu'elles ne permettent pas de répondre au défi que nous devons relever aujourd'hui. Voilà pourquoi le parti socialiste propose que l'effort porte sur les deux jambes, c'est-à-dire à la fois sur les cotisations des salariés et les revenus du capital. Personne ne peut comprendre que les quelque 2 milliards que vous suggérez soient à la hauteur de l'enjeu que nous avons à relever. Il n'est pas possible que 90 % des efforts soient faits par les salariés et que seulement 10 % proviennent des revenus du capital.
Cet équilibre dans le financement, la répartition entre le temps de cotisation et le temps de retraite est sans aucun doute l'un des éléments qui peut faire mieux accepter cette nécessaire réforme par l'ensemble de nos concitoyens.