Aujourd'hui, les retraites des femmes sont inférieures de 40 % à celles des hommes. Les chiffres sont connus, je les rappelle brièvement : la retraite moyenne d'une femme est de 825 euros, celle d'un homme de 1 426 euros, et l'on voit bien que les droits familiaux ne suffisent pas à compenser cet écart. Le COR nous dit que la progression du travail à temps partiel et le chômage annulent les effets bénéfiques de la hausse du taux d'activité féminin. Je ne reprendrai pas ce qui a été dit sur le taux de chômage et les conditions d'emploi des femmes.
Cela étant, monsieur le ministre, je ne vois pas d'où vous tenez les chiffres qui vous permettent d'affirmer que les femmes auraient plus de trimestres que les hommes. Le rapport de la délégation aux droits des femmes constate qu'il y aura un rapprochement, mais qu'il sera loin de suffire. Si nous prenons l'exemple d'une femme née en 1955, qui va subir de plein fouet cette réforme, elle a dès aujourd'hui onze trimestres de retard sur les hommes, même en comptant les droits familiaux.
D'autre part, vous citez souvent – et vous l'avez encore fait abondamment ce matin – l'exemple des autres pays européens pour justifier votre réforme. Mais, monsieur le ministre, dans ces pays, on est conscient du problème que pose l'écart de salaire entre hommes et femmes et on a donc mis en place un certain nombre de mesures pour permettre un rattrapage et, à terme, l'égalité. C'est peut-être cela le paradis pour les femmes dont vous parliez tout à l'heure.
Les femmes sont les grandes oubliées de cette réforme et ses grandes victimes. Le rapport du Secours catholique le dit : elles seront les futurs pauvres de notre société. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)