Qui aujourd'hui demande à l'État des aides pour faire partir des hommes et des femmes de plus de 55 ans ? Ce ne sont tout de même pas les socialistes ! Ce sont d'abord les entreprises. Il ne faut certes pas pousser les gens à aller jusqu'à 62 ans, mais comme Gaëtan Gorce et Alain Vidalies l'ont annoncé, nous vous ferons des propositions très précises pour faire en sorte que les salariés puissent travailler pendant leur période grise, celle qui se situe entre 55 et 60 ans. Ce serait conforme à la justice sociale tout en assurant aux régimes sociaux des ressources évidentes.
Par ailleurs, il est un débat que nous devons éclaircir. M. le ministre dit partout, et il essaie de faire passer le message dans la presse – nous voyons bien à quel petit jeu il se livre –, que les socialistes proposeraient finalement de la capitalisation pour financer les retraites. Et Mme Rosso-Debord nous affirme que le lien doit se faire entre les actifs d'un côté et les retraités de l'autre. Nous ne disons rien d'autre, sauf que dans le financement des retraites il y a ce qui relève des avantages contributifs et ce qui relève des avantages non contributifs. Il faut savoir qu'une grande partie du montant des retraites aujourd'hui n'est pas liée au travail : les avantages familiaux, le FSV, etc. Nous considérons donc que ce qui relève du travail doit être financé par le travail et nous ne disons rien d'autre, à votre différence, lorsque nous annonçons qu'il faudra augmenter les cotisations salariales et patronales si l'on veut avoir un bon niveau de retraite. Mme Karniewicz, présidente de la CNAV, a eu raison ces derniers jours de nous alerter en soulignant que l'on ne parlait pas suffisamment du montant des retraites. Par voie de conséquence, les paramètres que vous retenez pour financer les retraites affaibliront globalement, du point de vue macro-économique, les équilibres financiers, et surtout déboucheront sur des retraites qui seront diminuées.
Mais nous disons aussi que ce n'est pas aux revenus du travail de payer les avantages non contributifs. Nous pensons en effet, comme l'ensemble des organisations syndicales, que toute une série de revenus qui ne sont pas soumis aujourd'hui aux prélèvements sociaux, les stocks-options par exemple, doivent être assujettis à cotisation pour financer les avantages non contributifs.
C'est là que se trouve la véritable différence entre vous et nous. N'essayez pas de vous servir du COR ! N'essayez pas de laisser croire qu'il aurait dit autre chose que ce que je viens de dire. Les personnes ici présentes qui siègent au COR savent que ses rapports, qui sont d'ailleurs en ligne, disent la même chose que moi.
Ainsi, 2003, avec plusieurs milliards de déficit, marque l'échec complet de votre politique. Vous recommencez aujourd'hui : aucune réforme structurelle ou financière n'est mise en place. Il faut dire la vérité aux Français et à la représentation nationale : dès 2012, après les élections présidentielles, il faudra revenir sur cette réforme des retraites, ne serait-ce que pour la financer, parce qu'elle ne le sera pas.