Dans cette enceinte, dans la presse, partout, tout le monde a pensé que ces propos s'adressaient à Éric Woerth. Nous lisons encore dans la presse de ce matin que les leaders syndicaux ne veulent plus débattre publiquement avec lui ! Sa crédibilité est atteinte. Mais à y regarder de plus près, il s'avère que la phrase de François Fillon était en réalité une autocritique.
La seconde citation, du même, date du 10 juin 2003 : « Les facteurs démographiques sont connus – affirmait-il en présentant la loi qui porte son nom – ; nous privilégions l'augmentation du taux d'activité pour combler le déficit de nos régimes par répartition à l'horizon 2020. À cette date, le besoin de financement des régimes de base est évalué par le COR à 43 milliards d'euros. » Quelle crédibilité pouvons-nous accorder à un gouvernement qui avait prétendu, en 2003, résoudre la question des retraites à l'horizon 2020 et qui nous présente aujourd'hui un projet pour les sauver à l'horizon 2018 ?
En réalité, nous le savons, la démographie n'a pas changé depuis 2003. Ce qui a changé, c'est le faible niveau d'emploi, qui résulte de votre politique depuis 2002, et le creusement des déficits publics, là encore sous l'effet de votre politique, le plus bel exemple en étant l'instauration du pacte fiscal par M. Woerth, à l'été 2007.
Il est important que nous débattions de cet article 1er, car vous avez instrumentalisé le Conseil d'orientation des retraites pour dramatiser, frapper les esprits, les préparer non à des réponses cohérentes avec ce que disait le président Méhaignerie, à savoir les conséquences de la crise et de votre creusement délibéré des déficits, mais à des mesures de type démographique, alors que de telles mesures n'ont rien à voir avec le problème posé.
C'est pourquoi nous avons avancé d'autres propositions pour constituer un contre-projet au vôtre, prévoyant notamment des ressources nouvelles pour abonder les régimes de retraite de base, des ressources de long terme spécifiquement dédiées au Fonds de réserve des retraites, afin de garantir notre capacité à franchir le cap démographique de 2020, de rehausser le taux d'emploi des seniors – parce que c'est la condition pour que le niveau des pensions versées ne baisse pas à moyen terme – et d'assurer, au-delà même de 2025, la pérennité de notre régime par répartition.
Notre contre-projet est cohérent, il assure cette perspective. Pour ce qui est du vôtre, la rédaction de cet alinéa démontre que vous avez trahi les engagements pris à l'époque et que vous souhaitez en réalité dilapider à court terme le système de retraite français pour payer vos déficits ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)