Découvrez vos députés de la 14ème législature !

Intervention de Gérard Bapt

Réunion du 9 septembre 2010 à 9h30
Réforme des retraites — Article 1er

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGérard Bapt :

Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, pour l'essentiel, la présente réforme se contente de modifier deux paramètres : l'âge minimal de départ à la retraite est repoussé à 62 ans et l'âge de la retraite à taux plein, quelle que soit la durée de cotisation, est reporté à 67 ans. Le but avoué est de faire rapidement quelques milliards d'économie, le report de l'âge légal devant réduire, dès 2011, le nombre de départs à la retraite, et donc le coût des pensions. Mais combinée à l'exigence d'une durée de cotisation de 41 ans, cette réforme va faire du système français l'un des plus durs d'Europe et accentuer les inégalités entre retraités au détriment des plus fragiles. C'est d'ailleurs l'explication de votre article 1er : il faut laisser une soupape de sécurité.

Nicolas Sarkozy avait affirmé qu'il entendait éviter toute diminution des pensions. Ces mesures auront l'effet inverse. Compte tenu du niveau de chômage, une majorité de personnes sont aujourd'hui privées d'emploi quand vient l'heure de liquider leurs droits à la retraite. Le report de l'âge légal les fera dépendre plus longtemps des maigres revenus de remplacement qu'elles touchent actuellement, bien inférieurs à leur future pension.

Au-delà, la majorité des salariés n'a aujourd'hui qu'une envie, partir dès que possible, sans trop réfléchir au montant de leur future pension, et en particulier avant l'entrée en vigueur de votre réforme. Je l'ai constaté moi-même dans ma mairie. Aussi, personne ou presque parmi ceux qui ont une carrière incomplète ne travaillera jusqu'à 67 ans, en admettant qu'un employeur accepte de les garder jusqu'à cet âge. Ainsi, les pensions de ces personnes, qui sont en majorité des femmes, vont subir une importante décote.

Que dire d'un report de l'âge légal qui ne s'accompagne d'aucune véritable mesure en faveur de ceux qui, en raison des contraintes subies au cours de leur vie active, ont une moindre espérance de vie ?

Au final, le Gouvernement a choisi le procédé d'un rafistolage comptable purement démographique, dicté par la nécessité de démontrer aux marchés financiers sa volonté de réduire les déficits. C'est une occasion manquée de mettre en chantier une vraie réforme de fond, qui rende le système français de retraite à la fois plus lisible, plus pérenne et plus juste. Pour y parvenir, il aurait fallu, monsieur le ministre, monsieur le secrétaire d'État, commencer par ne pas fermer la porte, d'emblée, à toute augmentation des ressources des régimes. La hausse des prélèvements doit certes être maniée avec précaution, car nous aurons d'autres besoins collectifs à traiter – l'éducation, la santé, l'environnement –, mais la France pourrait néanmoins consacrer – ce sont les propositions socialistes – un point et demi de PIB de plus pour assurer une vie décente à tous ses retraités.

La seconde exigence est d'agir sérieusement pour que l'allongement des durées de carrière, justifié par l'augmentation de l'espérance de vie moyenne, ne pénalise pas les plus fragiles, en accordant des avantages concrets à tous ceux qui ont subi des conditions de travail pénibles, en agissant résolument pour améliorer ces conditions à l'avenir, en aménageant les fins de carrière afin de rendre plus acceptable pour le plus grand nombre une poursuite d'activité, en mettant en oeuvre, aussi, des mesures incitatives qui respectent la liberté de chacun sans pénalités excessives, conditionnées par une réelle amélioration de la situation de l'emploi. Malheureusement, vous avez choisi de désespérer les jeunes générations, déjà confrontées au chômage, à la précarité, aux rémunérations impitoyablement revues à la baisse sous la double pression de la rémunération du capital et du chantage à la délocalisation.

Oui, il faudra que la réforme des retraites soit remise sur le métier, sur la base de nos propositions, car ce ne sont pas les quelques soupapes de sécurité qui figurent dans l'article 1er – ce « comité Théodule », comme l'appelle M. Rogemont –, ce ne sont pas les quelques avancées qui, hier, à l'Élysée, ont donné lieu à une manifestation de communication qui pourront nous exonérer d'une véritable remise en chantier de la réforme des retraites. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion