L'histoire sociale de notre pays est marquée par des rapports de force entre ceux qui, comme vous, sont chargés de la gestion d'un dossier et les partenaires sociaux.
Il y a le temps de la concertation et vous l'avez menée à partir du diagnostic établi par le COR et qui est largement partagé, au moins sa première partie. En revanche, vous avez oublié la deuxième partie : la négociation et le débat qui devrait avoir lieu comme dans tous les pays européens.
Vous n'avez à la bouche que des comparaisons européennes, citant la Suède, l'Allemagne. Justement, regardez ce qui se passe autour de nous en matière de débat social, de relations avec les partenaires sociaux. On peut faire des choses, on doit faire bouger les lignes. Je pense que, dans leur sagesse, les organisations syndicales ont désormais acté toute une série de principes quant à la nécessité de bouger sur les retraites.
D'ailleurs, le Parti socialiste considère que votre réforme paramétrique n'est pas la bonne puisque, précisément, elle ne s'appuie que sur un paramètre : vous répondez à un problème démographique par un dispositif démographique. Or les analyses effectuées au sein du Conseil d'orientation des retraites démontrent très précisément que la réponse démographique ne fournira qu'un cinquième des besoins financiers.
Les caisses de retraite se trouvent dans une situation extrêmement grave, accusant un déficit de 30 milliards d'euros, en raison de la crise, dites-vous. Ce n'est pas vrai ! Dès 2008, c'est-à-dire bien avant la crise, il y avait déjà plusieurs dizaines de milliards d'euros de déficit, si l'on tient compte à la fois des régimes de retraite traditionnels et de ceux du secteur public.
Donc, on le sait, il y a à la fois un déficit chronique tendanciel et un déficit lié à la crise.
Penser parvenir à résoudre le problème financier par des créations d'emplois est hypothétique. Vous nous aviez déjà fait le coup en 2003. Or cela n'a pas marché.
Il faut évidemment que l'emploi revienne. Nous savons que l'emploi et la masse salariale sont des éléments très importants.