Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, c'est avec force et conviction que je prends la parole dans cet hémicycle pour réaffirmer toute mon adhésion au projet de loi portant sur la réforme des retraites, une réforme nécessaire juste et équilibrée.
Avant de développer plus amplement mes propos, j'aimerais tout d'abord exprimer mes plus vifs remerciements à Éric Woerth et Georges Tron, pour la qualité du dialogue et des échanges que nous avons pu avoir avec eux et pour la pertinence et le sérieux de leur travail, qui permet au Gouvernement de présenter un projet de loi solide, à même de répondre aux exigences de sauvegarde et de modernisation de notre système de retraite par répartition.
J'aimerais aussi exprimer à Éric Woerth tout mon soutien et mon admiration pour son courage et sa ténacité. (Applaudissements sur les bancs du groupe UMP.) Malgré les attaques personnelles incessantes et renouvelées qui ont tout d'une cabale orchestrée par une opposition en mal d'idées, vous avez réussi, monsieur le ministre, à garder un cap qui nous permet de penser l'avenir de nos retraites avec plus de sérénité, tâche difficile mais qui aura le mérite de se révéler à terme constructive et rénovatrice pour notre pays.
Si, d'ailleurs, l'opposition s'est principalement exprimée à travers des attaques et invectives à l'encontre de votre personne, c'est bien la preuve qu'à défaut d'arguments et de propositions valables, l'opposition n'a su manifester sa désapprobation qu'à travers des attaques personnelles.
A-t-on entendu le parti socialiste faire des propositions sérieuses et raisonnables sur les retraites ? A-t-on entendu les ténors de la gauche appeler à un débat serein sur le sujet ? En guise de consensus autour d'une réforme aussi capitale pour notre pays, le parti socialiste donne le spectacle d'une coalition pour affaiblir l'homme qui porte le projet.
Comme je l'ai déjà indiqué, le projet de loi qui nous est présenté aujourd'hui est juste, équilibré, responsable et tient compte de certaines réalités évidentes.
Tout d'abord, la réalité démographique de notre pays, marquée par le vieillissement continu de la population portant aujourd'hui 1'espérance de vie moyenne de notre population à près de soixante-dix-huit ans pour les hommes et à quatre-vingt-quatre ans et demi pour les femmes. Cette espérance de vie ne cesse de croître puisque, chaque année, nous gagnons un trimestre supplémentaire.
Voilà un bond considérable acquis en moins d'une génération et dont nous ne pouvons que nous féliciter. Depuis les années 80, notre espérance de vie a ainsi progressé de plus de six ans, ce qui a fait dire au premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud, devant la commission des affaires sociales et la commission des finances, que l'âge de départ à la retraite qui était de soixante ans en 1985 vaut bien soixante-deux ans aujourd'hui.
Il est donc évident que cette évolution doit s'accompagner d'une réforme de l'indexation du temps de cotisation aux caisses de retraite par rapport à l'évolution de l'espérance de vie moyenne, sinon le déficit de nos comptes sociaux ne cessera de se creuser et l'existence de notre système de retraite sera remise en question. Aujourd'hui, en France, nous comptons 1,8 actif pour un retraité et il y aura, en 2050, 1,2 actif pour un retraité. Actuellement, une retraite sur dix déjà est financée par l'emprunt.
Dans ces conditions, peut-on sérieusement penser que nous pourrons continuer à assurer le financement de nos retraites si l'âge légal de départ demeure soixante ans ? Évidemment non !
Pour s'en convaincre, il suffit d'examiner les pratiques de nos voisins européens. En Allemagne, l'âge légal de départ à la retraite a été fixé à soixante-cinq ans avec pour objectif d'arriver à soixante-sept ans. Il en va de même pour les hommes au Royaume-Uni, l'âge de la retraite des femmes devant passer à soixante-cinq ans en 2012. La Suède, qui fait figure de paradis pour les travailleurs, est pour sa part passée à un système de retraite à points où l'âge de départ oscille entre soixante et un et soixante-sept ans. Cette mesure a été décidée avec l'ensemble des acteurs sociaux dans un contexte de prise de responsabilité de l'ensemble des partis politiques du pays. Néanmoins, malgré ce dispositif, l'âge moyen de départ à la retraite des hommes suédois avoisine soixante-cinq ans, alors qu'il n'est que de cinquante-neuf ans en France.
Sommes-nous meilleurs que nos voisins pour vouloir le maintien de ce qui a été réformé partout ailleurs ? Évidemment non !
La modernisation de notre système de retraite par répartition est un impératif. Le choix de faire passer l'âge légal de départ à soixante-deux ans est le meilleur possible. L'allongement du temps de cotisation restera progressif, tandis que la pénibilité du travail et le cas des carrières longues seront pris en compte et encore améliorés puisque, dorénavant, ceux qui ont commencé à travailler à dix-sept ans en bénéficieront.
Il serait judicieux, messieurs les membres du Gouvernement, de réfléchir à la possibilité d'un départ à soixante et un ans pour ceux qui ont commencé à travailler dès l'âge de dix-huit ans.
Afin de renforcer l'équité et la solidarité de notre système, les hauts revenus, les revenus du capital, les entreprises, les bénéficiaires de retraites chapeau, de stock-options, seront sollicités de façon substantielle et assurée.
En effet, quand j'entends certains ne vouloir remédier à la situation actuelle du déficit de notre régime de retraite que par la taxation du capital, je n'ose imaginer la fragilité de notre système de retraites en cas de crise financière.