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Intervention de Philippe Folliot

Réunion du 8 septembre 2010 à 15h00
Réforme des retraites — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Folliot :

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je tiens à me féliciter de la tenue de ce grand débat autour des retraites. C'est l'occasion d'en finir avec une situation où, comme trop souvent, l'irresponsabilité prévaut.

Le rendez-vous des retraites, on n'insiste pas assez sur ce point, doit avoir lieu dans l'intérêt des générations futures, au regard des dettes dont trop souvent elles héritent. Plus qu'un symbole, une dette constitue, en fait, un manque de courage qui vise à faire supporter par nos enfants et nos petits-enfants des charges que nous ne voulons pas assumer aujourd'hui.

La dette prend plusieurs formes : il s'agit d'abord des déficits publics engendrant la dette publique mais aussi des déficits sociaux de la sécurité sociale et, enfin, ne l'oublions pas, de la dette environnementale. Faut-il ajouter une quatrième dette, qualifiée de générationnelle, en n'assurant pas un retour à l'équilibre de notre système de retraites ? Je ne le crois pas.

Pendant très longtemps l'accompagnement des « vieux jours » a été le fait de solidarités intergénérationnelles, le plus souvent, dans le cadre de la famille – elles existent d'ailleurs toujours, et plus qu'on ne le croit. Aujourd'hui, ce sont les retraites qui assurent le relais des solidarités intergénérationnelles.

Notre système de retraites se fonde sur la répartition. Cette option implique de trouver les ajustements nécessaires pour préserver notre modèle.

Je vous livre quelques chiffres significatifs. En 1960, on comptait quatre actifs pour un retraité ; en 2010, il y a 1,43 actif pour un retraité ; en 2050, ce sera 1,2 actif pour un retraité.

En 2008, il y a avait 15,5 millions de retraités.

Le déficit des caisses de retraite sera de 30 milliards d'euros en 2010, soit 11 % de la masse des retraites versées qui représente un total de 270 milliards d'euros. Si rien n'est fait, ce déficit sera de 40 milliards d'euros en 2015, de 42,3 milliards en 2018 et de 72 à 115 milliards d'euros en 2050.

L'espérance de vie a augmenté de 6,3 années entre 1982 et aujourd'hui. Elle progresse d'un trimestre par an.

Le niveau de vie des retraités est, en moyenne, comparable à celui des actifs. Le taux de pauvreté des retraités de plus de soixante ans est de 10 % alors qu'il s'élève à 13 % pour l'ensemble de la population. En 2050, la France comptera 70 millions d'habitants, dont 23 millions de plus de soixante ans. Parmi eux, 11 millions de personnes auront plus de soixante-quinze ans, alors que ce chiffre s'élevait à 5 millions en 2005.

Il est urgent d'agir. Le projet de loi que nous allons examiner est un premier pas important, même s'il ne résout pas, loin s'en faut, tous les problèmes.

Nous pouvons faire un constat : notre système de retraites actuel recoupe une grande diversité de situations qui sont liées à autant de régimes différents pour des raisons historiques que je ne veux pas développer ici. Cette multiplicité de systèmes rend d'autant plus nécessaire une solution globale.

Nous, centristes, pensons que, finalement, nous prenons le risque de passer à coté d'un rendez-vous historique visant à promouvoir un régime unique et universel par points, ou, mieux encore, en compte notionnel, comme cela a été justement développé par notre collègue Jean-Luc Préél ou par la présidente de la commission des affaires sociales du Sénat, Muguette Dini.

Il faut vingt ans pour mener à bien un tel changement de système. L'essentiel était déjà dit dans le Livre blanc de Michel Rocard en 1991. Mes chers collègues socialistes, si nous avions agi à ce moment là, la réforme systémique serait en place, et l'essentiel des problèmes seraient réglés.

De plus, il faudra aller au-delà, notamment en apportant des solutions pour l'après-2018 afin d'assurer durablement l'équilibre financier du système.

Enfin, je pense que l'on ne peut pas complètement dissocier le problème des retraites de celui de la dépendance, que l'on appelle « cinquième risque ». Il s'agit d'un chantier colossal qu'il nous faudra ouvrir rapidement.

Au-delà de ces considérations d'ordre général, vous me permettrez de consacrer mon intervention à deux thèmes : celui de la retraite des conjoints collaborateurs et des aides familiaux agricoles – car j'ai notamment été porte-parole de mon groupe sur une proposition de loi traitant de ce sujet en janvier dernier –, et celui de la retraite des militaires puisque je suis vice-président de la commission de la défense nationale et des forces armées.

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