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Intervention de Marc Dolez

Réunion du 8 septembre 2010 à 22h00
Réforme des retraites — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarc Dolez :

Monsieur le président, messieurs les ministres, chers collègues, permettez-moi, pour commencer, de vous citer ces propos glanés au cours de l'imposante manifestation qui s'est déroulée à Douai hier matin, tels que les rapporte la presse aujourd'hui.

Un salarié de Renault, qui a travaillé trente-six ans à la chaîne : « Moi je suis crevé. J'ai eu plein d'opérations. Je suis cassé par le système ! ». Un lycéen de terminale : « Aujourd'hui, on commence à travailler à vingt-cinq ans. On va profiter de la retraite, quoi, un an, cinq ans ? » Ou encore, cet ancien employé de la métallurgie âgé de soixante-quinze ans et confronté toutes ces dernières années à la dégradation de son pouvoir d'achat : « Il faut qu'on augmente nos retraites. »

Ces propos illustrent parfaitement la colère qui s'est massivement exprimée à travers le pays hier devant la régression sociale sans précédent que représente votre projet de réforme. Elle est lourde de conséquences que je résume brièvement.

Le recul de l'âge légal et la prolongation de la durée de cotisation vont condamner les salariés à travailler plus pour gagner moins. Les conditions nouvelles de liquidation, plus difficiles à réunir, vont à l'évidence provoquer une nouvelle baisse des pensions, après la baisse de 15 % à 20 % qu'ont entraînée les réformes Balladur de 1993 et Fillon de 2003.

Le report à soixante-sept ans de l'âge de la retraite sans décote va sanctionner tous les salariés, particulièrement les femmes qui auront eu des carrières hachées ou incomplètes.

Le relèvement de l'âge légal va durement pénaliser ceux qui auront commencé à travailler tôt. Ainsi, ceux qui ont commencé à travailler à dix-huit ans devront travailler quarante-quatre ans.

Les jeunes seront les principales victimes : ils entrent de plus en plus tard dans la vie active – à vingt-trois ans en moyenne dans le privé, à vingt-cinq ans dans le public – et ne trouvent un emploi stable, en moyenne, qu'à vingt-huit ans. Pour eux, le droit à une retraite décente sera de plus en plus virtuel, d'autant que le chômage dont ils sont victimes va encore s'aggraver : d'ici à 2016, un million d'emplois ne leur seront pas ouverts car leurs parents devront travailler plus longtemps.

Le relèvement de l'âge légal de la retraite aura aussi, quoi que vous en disiez, un autre effet dramatique : l'explosion du nombre de chômeurs âgés. Aujourd'hui, les deux tiers des travailleurs sont déjà hors de la vie active lorsqu'ils atteignent soixante ans. Les entreprises se débarrassent en masse des salariés à partir de cinquante-cinq ans ; on voit mal pourquoi elles les garderaient jusqu'à soixante-deux ans.

La régression sociale s'accompagne donc d'une inefficacité économique que d'autres orateurs ont soulignée. Je préfère insister sur la grande différence qui sépare le Gouvernement et sa majorité de la gauche.

À vos yeux, vous n'avez cessé de le répéter, monsieur le ministre, la question des retraites est une question démographique et comptable. Pour nous, c'est avant tout un enjeu de civilisation.

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