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Intervention de Jean-Paul Lecoq

Réunion du 8 septembre 2010 à 22h00
Réforme des retraites — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Lecoq :

Le rapporteur expliquait lundi lors d'une réunion de la commission sociale du Conseil de l'Europe qu'il faut trois départs en retraite pour embaucher un jeune. N'est ce donc pas essentiel pour l'emploi des jeunes de maintenir l'âge légal de départ en retraite à soixante ans ? Pourquoi préférez vous des vieux travailleurs qui s'épuisent au travail, et des jeunes qui galèrent et qui trafiquent dans la rue ?

Vous persiflez qu'il n'existe pas d'autre solution que de travailler plus, de cotiser plus, sans parler du « toucher moins », car vous videz les caisses. À qui la faute ? Pas à la démographie, mais aux somptueux cadeaux sous forme d'allégement de charges sociales que vous accordez aux grands groupes industriels, pour alimenter les profits prohibitifs de leurs actionnaires lesquels, en plus, bénéficient de votre bouclier fiscal ! Combien cela représente-t-il de manque à gagner pour le budget de l'Etat ?

Vous infligez une double peine aux travailleurs, quand vous dilapidez les deniers de l'Etat pour liquider nos emplois, nos outils industriels, en versant de l'argent public afin d'accompagner les licenciements, les délocalisations, la spéculation.

Ce qui se passe dans ma circonscription reflète le contexte national.

Après Plastic Omnium et ses 300 suppressions d'emploi, c'est un autre équipementier, Cooper, qui annonce une fermeture d'usine au premier trimestre 2011 ; près de 300 salariés sont jetés à la rue. Le fonds de modernisation des équipementiers automobiles, qui travaille avec de l'argent public, va racheter La Barre-Thomas, dont le propriétaire est un fonds d'investissement américain, pour opérer une fusion avec l'entreprise Cooper : née avec de l'argent public, celle-ci meurt avec de l'argent public. Quelle ironie !

Sur ce même territoire, citons Renault Sandouville avec un plan de 1 400 départs volontaires à la retraite, les industries portuaires où jusqu'à 150 emplois disparaissent chaque année, l'aéronautique avec cent départs négociés chez Aircelle. Dans la pétrochimie, Total Petrochemicals a mis en oeuvre deux plans successifs ; le premier n'est pas achevé que, dans le cadre du suivant, on annonce 150 suppressions d'emplois, toujours « négociées ». Exxon Mobil en prévoit 133. Dans la chimie enfin, la Raffinerie Total dans ma ville de Gonfreville l'Orcher annonce 290 suppressions programmées entre 2010 et 2012 : autant de salariés qui n'atteindront pas la retraite à soixante ans.

La casse de l'emploi continue dans tous les secteurs d'activité et s'y ajoutent les destructions d'emploi dans les petites et moyennes entreprises, chez les sous-traitants, les intérimaires.

Dans tous ces plans, ce sont les plus âgés qui partent. Ils disent tous que c'est pour préserver l'emploi de nos jeunes. Ne pensez vous pas que ces travailleurs ont le sens de l'intérêt général ? Vous parlez de relance de l'emploi, de l'économie. Allez le leur expliquer ! Non, l'argent public ne doit pas servir à « sponsoriser » les riches comme vous le faites. Il doit servir à soutenir l'emploi, nos industries, la santé, l'éducation, la justice... tout ce qui sécurise et participe à une meilleure qualité de vie pour les citoyens.

Pour bien faire cela, pour disposer de cet argent public, il faut des prélèvements fiscaux et des cotisations. Il est indispensable de le faire partout, pour tous les travailleurs dans le monde, ce qui règlera aussi le problème de la concurrence.

Ce qui caractérise vos idéaux de droite, c'est le non partage des richesses créées par les travailleurs à la faveur de votre hobby, la financiarisation de l'économie. Depuis des années, vous bradez la France. Roland Muzeau a démontré que c'était même l'ensemble des acquis du Conseil national de la Résistance que vous sabordez. Vous imposez la gouvernance des actionnaires, je dirais même, comme Jean-Claude Sandrier, la dictature de la finance contre la démocratie et la satisfaction des besoins du peuple.

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