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Intervention de Jacques Myard

Réunion du 13 juillet 2010 à 11h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Myard :

Nous nous rejoignons sur la nécessité d'une régulation financière, quel que soit le système monétaire : à partir du moment où les transactions sont internationales, il faut un certain nombre de règles, tant au niveau européen qu'au niveau mondial. Or nous rencontrons un problème politique pour parvenir à mettre de l'ordre dans la jungle financière, compte tenu notamment de ce que vous avez dit sur la rapidité des transactions et sur la part de celles qui échappent à tout contrôle. Depuis vingt ou trente ans, l'équivalent de la masse monétaire mondiale change de mains tous les vingt jours. À défaut de rétablir un contrôle des changes, comme cela avait été envisagé par M. Camdessus lors de la crise économique birmane, que peut-on faire ? Sans aller jusqu'à créer une agence financière européenne, on pourrait imaginer la mise en place d'une institution commune s'appuyant sur les agences nationales, lesquelles lui serviraient de relais

Les Allemands se font des illusions s'ils croient pouvoir imposer leur vision à l'ensemble de l'Europe, ne serait qu'en raison de leur problème démographique majeur : l'Allemagne va perdre de huit à quatorze millions d'habitants dans les vingt à trente années qui viennent. Ce problème qui doit tarauder ses dirigeants explique peut-être une partie de son attitude.

Je crains que vous ne soyez gagné par la passion de l'euro – c'est d'ailleurs là que nous divergeons. L'euro est une monnaie inadaptée aux déséquilibres que nous connaissons en l'absence de zone économique optimale.

Vous plaidez en faveur de la recapitalisation des banques, éventuellement par le biais du Fonds européen de stabilité financière (FESF), mais les moyens dont il dispose – 750 milliards au total – sont insuffisants pour faire face aux besoins : ainsi, la dette souveraine s'élève à au moins 500 milliards pour les trois ans qui viennent, montant qui doit être doublé si l'on tient compte des besoins de recapitalisation des banques. À cela s'ajoute le fait que les Allemands ne veulent pas s'engager au-delà de leur contribution au FESF, qu'ils n'entendent pas être solidaires de leurs partenaires et qu'ils sont hostiles à une « Union de transferts ». Dans ces conditions, le système devient ingérable.

Vous avez dénoncé à juste titre le comportement des marchés. Mais le fait de demander des garanties a pour conséquence une augmentation des taux. En fait, la solution réside dans la monétisation de la dette, c'est-à-dire par la sortie du système monétaire et de celui de la dette publique des griffes du marché. On me rétorquera que je préconise le recours à la « planche à billets ». Mais, dans les années cinquante, c'est ainsi que le président Truman a réussi à désendetter les États-Unis. De plus, contrairement à une idée reçue, cela n'empêche pas les investissements. Faute de quoi, le système explosera. Dans ce cas, j'espère que nous ne finirons pas dans la même zone monétaire que l'Allemagne car cela signerait notre arrêt de mort.

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