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Intervention de Bruno le Maire

Réunion du 1er juillet 2010 à 15h00
Modernisation de l'agriculture et de la pêche — Article 3, amendements 86 87

Bruno le Maire, ministre de l'alimentation, de l'agriculture et de la pêche :

Vous me lancez, mesdames, messieurs, sur des sujets qui me passionnent et je crains que si nous poursuivons dans cette voie, nous ne soyons là jusqu'à dimanche soir. Cela étant c'est avec plaisir que je continuerai à travailler avec vous.

Monsieur Brottes, l'idée est bien d'avoir des indices de tendance de prix multiples par filière, et des indices différents filière par filière. Ainsi, l'interprofession aura la liberté de définir elle-même les modalités de contrat afin de tenir compte des spécificités de chaque filière. Et, il sera tenu compte, au sein de chaque filière, des différences pouvant exister entre les zones de production. Je considère donc que le contenu de cet amendement, dont je comprends la pertinence, relève de l'interprofession. C'est pour cette raison que j'y suis défavorable.

Entrons dans le détail du dispositif.

Précisons tout d'abord que chaque interprofession à un niveau d'avancement dans la négociation plus ou moins poussé. L'interprofession laitière, qui réunit donc producteurs, industriels et coopératives, négocie sur des indices tenant compte de trois critères différents. Le premier, c'est l'écart de coût avec l'Allemagne. Ce critère a été demandé par les industriels, et je les soutiens. Cela permettra d'éviter de donner l'excuse que l'Allemagne est meilleure que nous. Je pense pour ma part qu'on n'a pas à rougir et qu'on peut être aussi bon que les Allemands. Le deuxième critère, qui reprend précisément votre préoccupation, François Brottes, est le coût de production par zone. Produire du lait à 1 500 mètres d'altitude coûte en effet plus cher que d'en produire en zone de plaine. Le troisième critère du calcul de l'indice est la qualité du lait. Cela rejoint là aussi votre préoccupation : l'indice de prix pourra varier en fonction de la race de la vache, du type de lait.

Il incombera donc aux interprofessions de définir les types de contrat et les modalités de définition des prix.

Madame Le Loch, les pêcheurs sont confrontés au même problème que les agriculteurs : ils sont insatisfaits si le produit de leur pêche est valorisé à un prix dérisoire ou insuffisant. Lundi dernier, j'ai rencontré des pêcheurs à Étaples avec Daniel Fasquelle et j'ai pu constater, une fois encore, que ce problème de valorisation était essentiel. En fait il se pose parce qu'il n'y a aucune gestion du stock sur le long terme : les mareyeurs peuvent voir arriver un matin dix tonnes de cabillaud, qu'ils traiteront pendant quelques jours, mais ils n'en verront plus du tout pendant trois semaines.

L'interprofession, regroupant toutes les zones de pêche, permettra de gérer le volume de manière beaucoup plus intelligente. C'est en Bretagne, d'ailleurs, que ce système a le plus progressé. Les pêcheurs sont parvenus à se regrouper, y compris avec des producteurs locaux, pour gérer l'offre de poisson dans le temps. Moyennant quoi, ils arrivent à stabiliser les prix à un niveau plus élevé.

Le deuxième point important est celui de la sécurité de l'approvisionnement, indispensable pour valoriser le produit. Il appartient à l'interprofession de gérer cela en bonne intelligence avec les comités régionaux. C'est ainsi que nous parviendrons à sortir les prix les plus intéressants possible pour les pêcheurs.

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