La question de la loi ne fait plus débat entre nous.
Les questions de liberté, de dignité de la femme nous ont fait nous rejoindre sur la nécessité d'avancer. Encore faut-il, madame la ministre d'État – je connais le problème, comme beaucoup d'entre nous, dans certains quartiers de ma circonscription – donner de la force à la loi.
Cette force dépendra de notre capacité à l'expliquer et à l'appliquer. Je ne me fais pas de souci sur notre capacité à l'expliquer : nous en sommes tous capables ici. Mais votre intervention soulève le deuxième problème, celui de notre capacité demain à l'appliquer. C'est là qu'est l'essentiel, et non, comme je l'ai entendu, dans la nécessité de répondre à un symbole par un contre-symbole.
La loi n'est pas un contre-symbole. Elle doit être d'application immédiate au moment où elle sera votée. C'est pour cela que la loi ne peut être autre chose que l'application et le dialogue. Voilà pourquoi je trouvais que la loi que nous défendions était très forte : le débat n'existe pas entre nous sur l'idée qu'il faudrait la limiter à quelques endroits ; nous aussi souhaitons l'absence de burqa dans tout l'espace public. Mais il nous semblait qu'en partant d'une notion juridique sérieusement bornée, d'une application sans risque, le dialogue aidant, nous serions en mesure de gagner ensuite le débat sur l'espace public. Vous avez fait un autre choix, madame la ministre d'État ; j'espère que le texte que vous nous proposez, ne nous fera pas perdre la bataille contre l'intégrisme dans nos cités, car le risque que vous nous faites assumer n'est pas un risque personnel, c'est un risque que toute la République devra assumer. J'espère que nous ne serons pas rattrapés par le droit : cela aurait dans beaucoup de cités des effets dramatiques pour les jeunes femmes.