Monsieur le président, madame la ministre d'État, mes chers collègues, la République, provoquée dans ses valeurs les plus fondamentales, doit pouvoir les défendre avec fermeté, mais aussi avec pédagogie.
Il en est ainsi lorsqu'elle est confrontée aux nombreux questionnements suscités par la pratique récente et marginale du port du voile intégral. Ce débat, ouvert par la représentation nationale dans le cadre d'une démarche de réflexion au sein d'une commission dédiée, il ne faudrait pas le conclure en le confisquant au nom d'une stratégie éloignée de l'intérêt général et en deçà des exigences de responsabilité qui s'imposent au Gouvernement et à notre assemblée. La question devait en effet être abordée sans instrumentalisation, pour ne pas ouvrir la voie à la division inutile de nos concitoyens, alors que tant d'autres sujets de préoccupation et tant d'enjeux méritent leur mobilisation et leur cohésion.
Les questionnements que sous-tend le port du voile intégral transcendent le débat parcellaire d'aujourd'hui. Ils viennent heurter l'armure de notre République, confrontée aux nombreux défis du XXIe siècle.
La dissimulation intégrale du visage permet-elle la relation d'altérité, la recherche du lien social ? Nous avons tous répondu non, comme nous avons tous répondu non à toutes les discriminations, à toutes les ségrégations, à toutes les violences dont les femmes sont les victimes.
Équilibre social juste, besoin de rapports sociaux, société moderne qui place l'homme et la femme à égalité au coeur de notre humanité, visibilité, transparence, échanges, dialogue, fraternité, citoyenneté : tout cela construit le bien-vivre et le bien-être ensemble. Nous l'avons tous dit et nous le pensons tous.
C'est pour cette raison que nos concitoyens veulent une réponse simple et vraie. La résolution adoptée par la représentation nationale a apporté une réponse de bon sens : la dissimulation intégrale du visage n'est pas compatible avec notre socle républicain et agresse notre corps social.