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Intervention de Yves Albarello

Réunion du 7 juillet 2010 à 15h00
Interdiction de la dissimulation du visage dans l'espace public — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Albarello :

Monsieur le président, madame la ministre d'État, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, nous voici enfin invités à légiférer pour rappeler à tous ce qu'est la France, notre pays, ce qu'elle peut et ce qu'elle ne peut pas, sous peine de se renier, accepter.

La France est une République parlementaire, démocratique et laïque. Unitaire et décentralisée à la fois, elle est fière de sa diversité et de son unité, vertus complémentaires cimentées par le creuset de nos valeurs de base dans lesquelles notre peuple puise sa richesse : la liberté qui est le bien le plus précieux, l'égalité qui exclut les rapports de domination et de servitude entre les hommes, la fraternité qui rassemble et unit les êtres humains par-delà leurs différences inévitables.

Cette France-là, nous voulons la garder et la faire rayonner dans le monde entier, à l'image des droits de l'homme qu'elle a proclamés il y a deux siècles et qui font aujourd'hui partie du patrimoine le plus authentique de l'humanité.

C'est pourquoi nous ne voulons pas d'une auberge espagnole organisée en fonction et au profit des multiples communautarismes prospérant à l'abri de la laïcité détournée de son objet.

Lorsque, voilà plusieurs mois, notre collègue André Gerin, instruit par son expérience concrète de maire de Vénissieux, importante commune de la banlieue d'une grande métropole de province, nous fit part de son désir d'empêcher la mise en cause voyante et sectaire de l'idéal républicain, je fus parmi les premiers à approuver cette démarche, sans considération d'étiquette politique, sans arrière-pensée partisane. Car ce sont bien les fondements de notre République qui sont en cause dans cette affaire de voile intégral communément appelé burqa ou niqab.

L'exposé des motifs de votre projet de loi, madame la ministre d'État, le précise fort justement lorsque vous écrivez : ce sont les valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité qui sont aujourd'hui remises en question par le développement de la dissimulation du visage dans l'espace public, en particulier par la pratique du voile intégral.

Car il ne faut pas s'y tromper. Cette dissimulation ne relève nullement d'un libre choix de personnes qui voudraient se singulariser sans que ce comportement porte à conséquence. Non, il s'agit d'un véritable défi exprimé à l'égard de nos valeurs républicaines, à savoir un refus de celles-ci au nom d'une idéologie à habillage religieux mais en fait d'inspiration totalitaire. Une idéologie contestatrice de nos trois valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité.

Liberté bafouée parce que la femme qui porte le voile intégral le fait, non pas de son plein gré, quelles que soient les affirmations de circonstance, mais sous la contrainte morale sinon parfois physique.

Égalité refusée car le port de ce voile traduit en fait la soumission de la femme à l'homme qui le lui impose et le refus de reconnaître à la femme les mêmes droits qu'à l'homme. C'est la négation de la célèbre affirmation reprise depuis deux cents ans par nos cinq Républiques : « Les hommes » – au sens du genre humain, c'est-à-dire y compris les femmes – « naissent libres et égaux en droits. »

Enfin, fraternité exclue. Sous le port du voile intégral, l'être humain, ainsi enfermé dans une prison de tissu, est écarté de tout lien social avec ses semblables. Il devient un personnage asocial auquel est interdite toute relation d'échange qu'implique la vie en société.

Voilà pourquoi on ne saurait transiger sur les principes. On a vu d'ailleurs comment, dans le passé, un ministre d'État de l'éducation nationale, qui renonça à l'exercice de ses responsabilités politiques pour se réfugier derrière le conformisme juridique commode d'un avis d'experts, ouvrit, par sa coupable négligence, la porte à de multiples abus.

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