Moi, je crois au contraire à la République qui rassemble et qui invite les individualités à se dépasser pour constituer un collectif plus fort : la nation. Cette République, c'est celle que nous défendons, c'est celle qui émancipe. C'est celle qui, tout simplement, permet à chacun de se libérer de sa condition initiale pour devenir citoyen. C'est cela, la citoyenneté : non pas un droit à la différence, mais un droit à la ressemblance.
Différents, nous le sommes toutes et tous par nos origines et notre parcours. Notre différence n'est pas un droit, mais un fait. La ressemblance, en revanche, est un droit et un combat : le droit d'être considéré non comme un individu réduit à son milieu social, son genre, sa couleur de peau, sa confession, mais comme un citoyen, libre et égal en droits avec les autres citoyens. Ce droit à la ressemblance, je vous le fais remarquer, est aussi un droit à la reconnaissance. C'est parce que je suis identifié comme un citoyen parmi d'autres que tout le monde me reconnaît les droits et les devoirs d'un citoyen. C'est le fondement de notre égalité et, au-delà, de notre fraternité républicaine.
Ce droit à la ressemblance, qui vaut droit à la reconnaissance, est heurté par tout ce qui érige des barrières entre les Françaises et les Français. Le voile intégral est incontestablement une telle barrière. Une barrière, non pas entre les musulmans et les citoyens d'autres confessions, comme certains essaient de le faire croire, mais entre la femme et l'homme. Une femme qui porte un vêtement qui lui est réservé et qui masque son visage, rendant de fait impossible sa reconnaissance comme personne à part entière, est privée de ce droit à la ressemblance qui fait la citoyenne.
Peu importe, à cet égard, que le port de ce voile intégral soit volontaire ou imposé. C'est un faux débat que l'on ne pourra jamais trancher, tant il y a de supposées volontés qui ne sont en fait que l'intériorisation inconsciente de contraintes extérieures.