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Intervention de George Pau-Langevin

Réunion du 7 juillet 2010 à 15h00
Interdiction de la dissimulation du visage dans l'espace public — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGeorge Pau-Langevin :

Le port de ce vêtement n'est pas, nous le savons, une prescription religieuse. Cependant, nous avons pu constater, d'une part, qu'une grande partie de la population a peur de l'islam et, d'autre part, que nos débats étaient interprétés par les musulmans comme une forme de rejet de leur pratique religieuse. Nous devons donc être particulièrement attentifs lorsque nous débattons de ce problème. À cet égard, il est vrai que la tonalité des débats a évolué dans le bon sens.

Cette religion a besoin de s'ajuster aux règles républicaines. Longtemps, les catholiques, les protestants, les juifs se sont affrontés, jusqu'à ce qu'intervienne la loi sur la laïcité. Le développement de l'islam est plus récent dans nos sociétés ; il faut donc lui laisser le temps de s'ajuster à celles-ci. Surtout, il est pratiqué par des populations qui, à tort ou à raison, ont le sentiment d'être mal perçues ou insuffisamment acceptées dans notre pays.

Du reste, mon sentiment est que ces tenues sont portées par des personnes qui entendent afficher de manière presque agressive un aspect de leur identité dont elles estiment qu'elle est à l'origine de leur rejet. Les Noirs américains n'avaient-ils pas adopté des coiffures « afro » provocantes pour répondre au rejet dont ils étaient victimes en tant que Noirs ? Si l'on ne comprend pas que cette attitude agressive et provocante est l'expression d'un sentiment de rejet, et que c'est à ce sentiment qu'il faut répondre, aucune loi ne réglera le problème.

Selon Mme Dounia Bouzar – que nous avons entendue dans le cadre des auditions menées par la mission d'information et qui a tenu les propos les plus intéressants sur le sujet –, pour les jeunes qui sont en train de s'enraciner dans notre pays, la volonté de se chercher une communauté de substitution est presque une manière de suppléer l'absence de racines territoriales. Si nous ne percevons pas la lutte qui oppose la majeure partie des musulmans de France, qui sont en train de s'enraciner, de devenir des Français ordinaires, à ceux qui voudraient s'opposer à cette stabilisation, à cet enracinement dans la République, nous passons à côté de l'essentiel du problème.

Certes, il nous faut rappeler les règles. Du reste, Dounia Bouzar nous a bien dit que le plus grave serait de ne pas répondre, en minimisant le phénomène ou en feignant de ne pas le voir. Mais quelle loi ? Celle-ci doit être adaptée, c'est-à-dire fixer une règle, sans rompre la relation. À ce propos, je me permets de vous rappeler que les socialistes n'étaient pas les seuls à exprimer des doutes quant au périmètre de la loi. Lors de son audition, Brice Hortefeux, qui n'a pas la réputation d'être un dangereux gauchiste,…

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