… la législation est très stricte à ce sujet. En Angleterre et en Allemagne, les réflexions sont en cours pour interdire la dissimulation du visage dans l'espace public. La France n'est donc ni en avance ni en retard par rapport à ses voisins européens. Le débat était utile et la législation doit dorénavant évoluer.
En France, le port du voile intégral par les femmes musulmanes trouve chaque jour de nouvelles adeptes, et il n'est pas facile de distinguer celles qui le portent de plein gré et celles qui le font sous la contrainte. Ce fut d'ailleurs l'un des points sensibles lors des auditions menées au sein de la mission d'information parlementaire : qui faut-il sanctionner en cas de non-respect de la loi ? Il est indispensable de distinguer les personnes qui portent volontairement le voile intégral et celles à qui on l'impose. Dans le premier cas, la personne doit être sanctionnée ; dans le second, c'est l'entourage qui doit l'être pour non-respect de la liberté d'autrui. Il n'est pas admissible, dans un pays de droit, de liberté et d'égalité comme la France, de forcer une femme à revêtir le voile intégral. Une amende de nature contraventionnelle sera infligée à la femme portant le voile intégral, l'objectif étant de prouver à ces femmes ou à ceux qui les contraignent que le voile intégral n'est pas le bienvenu dans notre pays.
À la quasi-unanimité, les représentants du monde musulman qui ont été accueillis et écoutés par la mission d'information ont condamné le port du voile intégral. Contrairement à ce qu'on pense souvent, cette pratique n'est pas arrivée en France avec les premiers musulmans, mais bien après, dans les années 1980 et 1990. Le nombre de salafistes a doublé depuis 2004 ; on en compte aujourd'hui près de dix mille.
La dissimulation totale du visage par le voile intégral va à l'encontre des valeurs républicaines de notre pays. On ne transige pas avec les principes de la République, et il est nécessaire de les défendre fermement contre toutes les formes d'intolérance, de totalitarisme et de sectarisme.
En outre, le voile intégral est un signe d'asservissement de la femme, incompatible avec nos valeurs républicaines d'égalité des sexes et de liberté. Il ne s'agit nullement, comme certains l'ont affirmé, de rejeter une religion, mais de respecter la dignité de la femme. Or, la réclusion efface délibérément la personne aux yeux d'autrui.
Le visage est essentiel, en effet dans le rapport à autrui ; la femme voilée est exclue de la société. Le voile intégral atteint l'idée même de citoyenneté, car il nie l'identité de la personne, celle de la femme dans l'espace civil. La dignité des femmes ne doit être bafouée nulle part ; pour garantir ce principe, il faut que l'interdiction du voile intégrale soit générale, dans tout l'espace public.
Enfin, le port du voile intégral peut se révéler dangereux pour la sécurité d'autrui, notamment à la sortie des écoles. Les enseignants ne peuvent identifier une femme portant le voile intégral. Dans un contexte où les enlèvements d'enfants sont nombreux, n'est-il pas important de pouvoir reconnaître le visage des parents à qui l'on rend un enfant après une journée d'école ?
Le port du voile intégral constitue un défi aux principes fondamentaux de notre société laïque et une menace pour les droits des femmes. Défendre le principe du visage découvert, c'est garantir un idéal de paix et protéger les femmes, cibles de tous les intégrismes. La pratique de la dissimulation du visage n'a pas sa place dans notre République. Il était donc temps de proposer un projet de loi allant dans ce sens. (Applaudissements sur de nombreux bancs des groupes UMP et NC.)