Monsieur le président, madame la garde des sceaux, le projet de loi qui nous est proposé est un pas important dans la bonne direction. Il vise à interdire, dans l'espace public, la dissimulation du visage afin d'assurer les conditions élémentaires du vivre-ensemble républicain. Aucune stigmatisation religieuse ne figure dans ce texte, pour autant qu'une religion imposerait le port du voile intégral. Or le port de la burqa en Afghanistan est une pratique pachtoune bien antérieure à l'islamisation de ce pays. L'interdiction générale de la dissimulation du visage dans l'espace public touche aussi bien le port d'un voile que celui d'un casque intégral, d'un masque ou d'une cagoule. En revanche, nous savons bien que le port du voile intégral est souvent imposé à des femmes qui ne l'ont ni demandé ni souhaité. C'est là une forme de violence dont les auteurs devront encourir des sanctions pénales sévères.
J'ai eu l'occasion de dire à la tribune du Conseil de l'Europe, il y a quinze jours, ma détermination à soutenir l'interdiction de la dissimulation du visage dans l'espace public, lors d'un débat fort intéressant qui distinguait l'islam, religion qui offre un message de paix, de l'islamisme, doctrine ayant pour objet de combattre les valeurs occidentales et universelles des droits de l'homme dans le but d'exercer un pouvoir tyrannique.
C'est pourquoi je m'étonne de la position qui consisterait à dire qu'il faut défendre les droits de l'homme, les droits des femmes, la liberté et l'égalité des hommes et des femmes dans notre pays, tout en refusant de voter un texte qui vient se porter garant de ces droits. Je tiens à souligner cette confusion qui tend à conforter les positions de ceux qui obligent les femmes à se voiler, comme l'a très justement rappelé Mme la garde des sceaux. C'est pourquoi j'estime, avec le groupe Nouveau Centre, qu'il n'y a pas une minute à perdre et qu'il faut sans délai discuter et voter ce texte, et avoir le courage de défendre les valeurs humanistes auxquelles nous sommes attachés. Nous rejetterons donc cette motion. (Applaudissements sur les bancs des groupes NC et UMP.)